La Nouvelle Lune d'Avril était à 20° du Bélier tropical le 10 vers 09h20, Temps Universel à Marseille et Paris. Simultanément se produisait un phénomène rare dans le ciel, une quadruple syzygie, ou quadruple alignement (conjonction) impliquant Lune, Soleil, Vénus et Mars dans les mêmes degrés du Zodiaque.
Cette conjonction se produit tous les six ans, et tous les trente-deux ans environ dans le même signe zodiacal avec une exactitude de plus en plus grande. L’occurrence d'Avril 1789 par exemple est considérée comme un stellium (1) en Bélier plutôt que comme une conjonction en raison d'un orbe trop important (12°), néanmoins en raison de sa position nous pouvons quand même la voir comme la première de la série. Celle d'Avril 1917 avait un orbe de 4°, celle d'Avril 2045 aura un orbe de 5° environ. Les astres constituant l'alignement qui nous concerne ici ne sont séparés que de 2°!
Il est probable que le climat induit par cette rare conjonction sera durable, si les puissances en jeu l'emportent sur l'inertie - voire l'entropie (2) - relative à la crise que nous traversons. La carte de la lunaison en France est largement cardinale (Ascendant Cancer, stellium de cinq planètes en Bélier en XI - Placidus - ou au MC - maisons égales). Sa signature est Bélier et son dispositeur, Mars : une trace fortement masculine, initiatrice d'une conjoncture particulièrement vigoureuse, autoritaire et volontaire (direction unique, sans compromis, sens de l'identité et de l'indépendance renforcé par la présence dans le stellium d'Uranus au MC) : une volonté de réforme déclenche et fait aboutir de nouveaux projets populaires en rapport avec la défense des valeurs patrimoniales, familiales (Lune en Bélier maîtresse de l'AS). On peut cependant être tenté, dans les sphères du pouvoir, avec Uranus affligé au MC, d'imposer brusquement ou sans réflexion, des idées non conventionnelles ou trop modernistes.
La domification de Placide tempére l'aspect radical de cette lunaison (on y trouve une sous-signature succédente avec un accent mis sur les relations publiques). D'ailleurs, bien que les astres féminins soient ici pour ainsi dire dénaturés de par leur position et leur aspect à Mars (Vénus est notamment en exil, c'est-à-dire en détriment dans le signe opposé à son domicile), on notera que Vénus est parallèle au Soleil, soit au même degré de déclinaison (8°), ce qui renforce l'aspect de conjonction et sans doute, atténue les "accidents" que représentent non seulement sa position affaiblie en signe mais également sa combustion par le Soleil (3°). Il convient donc, à mon avis, d'interpréter cette position vénusienne comme une simple conjonction (tendance à la pacification, dans la mesure où les deux astres masculins sont exaltés) comme en 1917 et en 1959, par exemple, et non comme une occultation susceptible de déclencher quelque catastrophe en lien avec un carré Uranus-Pluton toujours très tendu : La conjonction de Vénus et de Mars incline vers le plaisir et confère une certaine force morale, volonté et franchise, un désir d'ordre, de santé, de vitalité, tendances naturellement renforcées par le Soleil. Ajoutons une inclinaison à l'impulsivité et aux embrasements.
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C'est sous de tels auspices que débute la lunaison d'Avril. La Grande Conjonction, tout comme la Nouvelle Lune en Bélier, présagent un regain de vitalité, d'initiative et d'activité, un renouvellement des forces sur un plan purement physique et matériel, mais aussi, peut-être, de la pensée, des idéaux et de l'espoir sur les plans intellectuel et spirituel : le carré de Jupiter à Mercure, tous deux en détriment, vient de prendre fin, laissant la place à une réception mutuelle qui pourrait se révéler favorable aux idées (3). En outre le mi-point ♀= ♃-♆ signifie entre autres "optimisme, spéculation, mécénat, idéalisme, philanthropie" selon Ebertin. Enfin, anecdotiquement, la conjonction d'Avril forme un trigone à Uranus sur la carte de la Constitution de 1792, ce qui laisse penser que les valeurs et la philosophie humanistes républicaines seront respectées, quels que soient les déclenchements de l'aspect.
Si l'on me permet de revenir sur les événements récents qui ont "ébranlé" les instances gouvernementales dans notre pays (il semble bien que les aspects critiques des luminaires à Pluton mettent souvent en lumière des scandales politico-financiers, tout au moins sous le carré Uranus-Pluton) on pourrait établir un parallèle entre la Grande Conjonction et une volonté d'assainissement pacifique mais vigoureuse des affaires publiques accompagnées d'actions symboliques d'une certaine ampleur, Mars et Vénus étant conjointement maîtres de la Maison XI (les Assemblées et les Parlements). On doit se souvenir que lors de son ingrès en Scorpion, Saturne était conjoint à Mercure, augurant de la nécessité de penser le pouvoir, ou, si on veut, d'associer à nouveau ces deux notions. Saturne en Scorpion symbolise en soi la puissance des instances morales : Il s'agissait donc aussi, en un sens, du rappel de l'existence d'un équilibre menacé par les excès d'Uranus en Bélier affligé, qui tend à rejeter non seulement les acquis de la pensée mais également les règles consensuelles du commerce et des affaires au nom d'une "spontanéité" de principe, l'incitant surtout à abuser des lois et de la Justice, à les contourner systématiquement; le carré Uranus-Pluton faisait en effet pendant au trigone Soleil en Balance - Lune et Jupiter conjoints en Gémeaux dans le thème de l'ingrès de Saturne. Aujourd'hui Saturne est rétrograde (donc plus puissant, et tourné vers ce qui a été ou non effectivement réalisé ou manifesté de son potentiel) et s’apprête à reformer son trigone à Neptune, ce que nous avions traduit par la possibilité de concrétisation définitive d'idéaux supérieurs sous la forme de constitutions ou d'idéologies durables, surtout évidemment dans les pays touchés par les bouleversements révolutionnaires de la conjonction Jupiter-Uranus de 2010. Il est possible que la tentation de la moralisation de telles constitutions et idéologies par des instances plus ou moins louches ou occultes - et les dangers qui pourraient en résulter pour une liberté chèrement acquise - se fassent parfois craindre, mais en fait le trigone indiquerait plutôt un heureux consensus, un équilibre naturel en voie de réalisation entre peurs et aspirations trop irrationnelles.
Sur un plan personnel aussi cette lunaison pourrait s'avérer riche en signification, en fonction du secteur occupé par la Grande Conjonction dans votre thème natal ou de celui des enfants nés ce mois-ci, et des aspects qu'elle y envoie : N'hésitez donc pas à me consulter pour plus d'information.
Notes
(1) Un stellium est un amas planétaire constitué d'un minimum de trois corps dans le même signe ou secteur.
(2) L'entropie est le degré de corruption et de déliquescence résultant d'un système fermé sur lui-même, donc purement répétitif. L'humain, en un sens, est programmé génétiquement (et culturellement, dans une certaine mesure, mythologiquement) pour éviter de telles répétitions, ce qui autorise son évolution, du moins dans l'idéal métaphysique (pour la théorie de l'évolution matérialiste, au contraire, l'humain ne peut plus guère que dégénérer et disparaître). On sait qu'en pratique il est très difficile d'éviter que souvent les mêmes causes engendrent sinon les mêmes effets, du moins des effets similaires. Mais il est possible, par la prévisibilité qui en résulte, de multiplier les choix d'action et ainsi d'accroître son degré de liberté. C'est la définition du libre-arbitre astrologique et la signification des paroles de Thomas d'Aquin : "Astra inclinant, sed non necessitant" (les astres inclinent mais n'obligent pas).
(3)Morin ne semble pas tenir compte de la notion, ou même la réfuter carrément : " Jupiter étant situé dans le Bélier, si Mars se trouvait dans les Poissons ou le Sagittaire, l'influence jupitérienne prévaudrait sur la martienne dans le Bélier, et la martienne sur la jupitérienne dans les Poissons ou dans le Sagittaire." (Morinus, lib. XX, sect. II, cap. V). Voilà qui pourrait sembler sans ambiguïté. Pour d'autres auteurs cette prévalence de la position de l'astre sur le maître traditionnel du signe n'abolissant pas ce dernier, les planètes transitantes peuvent être considérées, en réception mutuelle, dans un rapport privilégié de coopération. La question de la réception mutuelle est loin d'être close. Si elle s'avérait, on pourrait assez vite assister à un retour en grâce, fort bienvenu en ce temps de pénurie, des intellectuels et des idéologues. (Erratum: Morin semble traiter du sujet en détail dans le Livre XXI, cf. H.Selva, La Théorie des Déterminations Astrologiques de Morin de Villefranche, Éditions Traditionnelles, Paris 1976. Je n'ai pas eu accès au Livre XXI proprement dit, mais selon ce traducteur Morin y fait abondamment allusion, cf. Appendice,
De le réception des planètes: "la réception est donc considérée à ce
triple point de vue : comme ayant lieu dans la Maison céleste d'une
Planète, ou en son Exaltation, ou en sa Trigonocratie" ! - Morin parle
de réception réciproque. NDA)
(3)
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