17 décembre 2011

Réflexions sur Saturne et Vénus en Réception Mutuelle (Nov-Déc 2011)

Ni dieu ni maître - Louis Auguste Blanqui  (1805-1881) (Vénus en Capricorne/Saturne-Uranus en Balance. Sol Verseau, As Scorpion)


Saturne, maître du Capricorne, transite le signe de la Balance depuis Septembre 2009, et Vénus, dont le domicile est en Balance, est entrée en Capricorne le 26 Novembre 2011. En termes astrologiques, les planètes sont en réception mutuelle. C'est une configuration qui possède une certaine force même lorsque les deux corps ne s'aspectent pas mutuellement. ♄ est une planète lente, dont l'impact est par conséquent profond sur les plans individuel et collectif. Le transit d'un signe par une lente constitue très souvent sur ces deux plans un changement de paradigme sensible dans un processus évolutif. En outre il existe entre ces significateurs des affinités particulières que les astrologues nomment dignités : On dit ainsi que ♄ est exalté dans le signe de la ♎. Ces astres en signes possèdent une valeur archétypale très riche qu'on ne saurait naturellement épuiser par l'analyse, mais on pourrait résumer par exemple la configuration ainsi : ♄ et le ♑ symbolisent les normes établies, les traditions. ♀ et la ♎ symbolisent les rapports affectifs, la vie sociale. Par conséquent cette réception mutuelle se révèlera particulièrement agissante (signes cardinaux), de façon généralement positive, dans tous les domaines régissant les rapports sociaux. La justice et les lois, bien sûr (♎),  mais ce n'est encore qu'une piste parmi d'autres. Revenons sur cette conjoncture plus en détail. 

Ingression de Vénus en Capricorne,  26 Nov 2011, 14:40 TU










 
Dans l’idéal, sur un plan personnel, cette configuration aura permis la consolidation des affinités réelles et profondes et la relativisation des relations superficielles, parfois de façon très réfléchie, systématique et tranchée, par le transit de en et la rétrogradation mercurienne ; le renforcement des responsabilités au sein de la collectivité comme le besoin de définir des règles dans le jeu des rapports, ou de les rappeler. On désire prendre le temps de s’impliquer dans une relation qu’on souhaite durable, persévérer, s’attacher à des valeurs sociales, y-compris morales, plus solides. Avec ☿ ℞ il peut y avoir un besoin de recueillement et de maturation affectifs, une prise de distance qui pourrait d'ailleurs passer pour de la froideur, une forme de repli sur des valeurs plus proches de soi, un dépouillement des faux-semblants qui peut conduire au bout du compte à un engagement plus ferme dans une relation, ou à l’inverse au choix délibéré de la solitude. Attention à ce propos au carré / à 0°, degré de puissante impulsivité et d’explosivité qui préside à l’ingression, et qui peut faire littéralement voler en éclats les liens affectifs d’une façon aussi soudaine qu’irrationnelle en apparence (21-28 nov). 
 
Sur un plan général la longue station uranienne et le carré vénusien de l’ingression jouent ici aussi malheureusement leur rôle, mettant l’accent notamment sur l’abus des valeurs sociales et de l’autorité morale. Ou vice-versa.

La condamnation en justice de l’ancien Président de la République Française Jacques Chirac pour détournement de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d’intérêts en est un exemple à la fois inédit et frappant. La reconnaissance par l’Eglise Néerlandaise de sa responsabilité morale et juridique dans 20 000 affaires de pédophilie impliquant des prêtres en est un autre.

Mais la situation est plus complexe, elle relève d’une prise de conscience d’ordre socioculturel. 
   
La culture n’est rien d’autre que la création de liens psychoaffectifs. L’esprit humain crée des liens en permanence, relations logiques et para-logiques,  affectives et morales. Certains liens sont si  anciens qu’ils forment à proprement parler une structure psychologique supra individuelle et interindividuelle. A l’inverse, d’autres s’alimentent du besoin d’appartenance sociale jusqu’à l’absurde, comme dans le langage de la presse populaire qui est finalement celui de l’opinion publique. 

Nous souviendrons-nous plutôt de
Nouveau !  la tempête Joachim (1) 

ou de la puissance de l’Elément traditionnellement redoutable en Décembre sous nos latitudes [arch.] ?

Cet exemple (assez lamentable, j’en conviens, pour ne rien dire du procédé) voulait montrer que ce qu'il faut entendre par culture  est à proprement parler la psychologie collective même – non pas la « psychologie de masse » qui fait et défait l’opinion générale en un concours incessant de superficialités fugitives à consommer machinalement, mais la psychologie radicale d’une humanité intemporelle que la "postmodernité" ne s’emploie qu'à masquer dans sa quête béante (et apparemment lucrative) d'un sommeil sans rêves.
Il est possible de penser en effet que la tentative de déconstruction des schémas de pensée hérités (lesquels sont la culture même de l’espèce, sa psychologie et son vitalisme) que semble sous-tendre cette "postmodernité", peut n'être rien, en fin de compte, que le prétexte, l'avant-garde cynique d’un ultra-individualisme à venir, avec un risque : celui de la destruction des garde-fous sociaux, héritage sans prix constitutifs des états-peuples-nations modernes (libertés civiles, démocratie, égalité des droits… dont parfois les esprits gagnent à être affectés)... Ou bien sert d’autres intérêts que ceux des individus mêmes (car la psychologie véritable est celle des individus), en les exilant de leur fond culturel (2).

 Dans tous les cas elle nuit également, il me semble, à l’intérêt général, et ce malgré un apparent et paradoxal tissage de liens associatifs souvent trop absurde et dérisoire pour être autre chose qu’un, disons stratagème, mercantile.
 
 C’est que cette configuration de réception mutuelle s’oppose, dans toute sa pureté archétypale, à la fois à "la culture des masses" et à "l'élitisme intellectuel" que je viens de décrire sommairement. Les valeurs vénusiennes en sont les relations profondes, ancrées. en insiste sur la solidité des liens éprouvée par les âges et usages. Et iI semblerait que les hommes soient sur le point de se soumettre à des valeurs beaucoup plus capricieuses et fluctuantes, qui voudraient leur imposer en sus des règles d’austérité (//♅) ?

 La crise que nous traversons serait déjà suffisamment aigüe et douloureuse en elle-même sans devoir y ajouter : 
  • Des hyper réactions (♈, notamment dans sa phase de rétrogradation) réelles (immédiateté, urgence, difficulté à prendre un recul capricornien nécessaire pour dominer et coordonner des sentiments multiples et contradictoires) à une situation en grande partie chimérique () entretenue affectivement (la réception mutuelle implique l’information en tant que droit – et devoir - civique mais aussi l’information au sens littéral et étymologique de « donnant forme » aux opinions, d'abord, aux habitudes de comportements ensuite : le fond psychoaffectif de toute information est vénusien). Pour preuve, on invoque déjà la "conjoncture" (3) comme on devait s’y attendre, alors que la cause première de l’enchaînement des déboires financiers mondiaux depuis 2007 (Opposition /) n’est qu’un problème de structure bien plus ancien qu’on se refuse à considérer franchement, et uniquement cela.
  • Et des habitudes fâcheuses : Seuls des appétits particuliers irrationnels et déréglés (♅) peuvent trouver dans des structures (lorsqu’elles existent) totalement obsolètes (♄) un profit occasionnel et très relatif. Laisser faire n'a jamais rajeuni un système corrompu. Et le laisser aller néo-libéral n’est, en toute logique, ni de la culture ni de l'éducation. En acceptant la soumission de l’esprit des nations (c’est-à-dire de leur constitution même : est le Contrat Social, l’engagement et la responsabilité morale) à des « règles budgétaires » quand les financiers qui les exigent n’obéissent eux-mêmes à aucune déontologie, fait-on autre chose qu’assister à une acculturation massive programmée, une mutation sociale pour le pire ? (-/ longtemps stationnaire à 0°)
Nous en sommes là, et les manifestations d’indignation mondiales survenues sous apparaissent comme des réactions particulièrement  saines et légitimes lorsque les outrances uraniennes viennent choquer le sens du devoir de . Pour être libres, il suffit parfois de faire silence et de s'écouter, soi.(4)

 
D’ailleurs en s’en emparant et en les transformant systématiquement en biens immédiatement consommables, la « culture de masse » a largement contribué à user les liens affectifs générationnels (ce qui conduit à un complet contre-sens, vraiment typique d’une fin de cycle Neptunien). Peut-être d’ailleurs à son insu aura-t-elle contribué à l’émergence de nouveaux rapports intergénérationnels, mais il est  de toute évidence beaucoup trop tôt pour le dire.

quittera le pour le le 20 Décembre vers 19h00 (TU), formant un sextile avec Uranus (Maître du Verseau) qui relâche les tensions sociales pour un temps. Attention à ne pas les transférer sur le plan individuel, en particulier à la nouvelle Lune du 24… Transformez-les plutôt en inventivité et en originalité. Ou revoyez pour le plaisir Le Président, de Henri Verneuil – Ça rend lyrique et impitoyable. Comme ♀-♅.    

(1)      ... qui apparemment a « surpris tout le monde » récemment, comme la neige (Denise ?) l’hiver dernier, les inondations (Josette ?) il y a deux ans… du reste, sans polémiquer vainement plus avant, pourquoi pas Raymond la vague, le caillou Robert, ou l’huissier Moya ? Gagnons du temps… On ne saurait être à ce point en manque d'objets et de partage d'affection, et d'ailleurs nul ne se permettrait de la diriger à notre place, si ? ♑ nous rappelle à un sens des valeurs plus mesuré, plus distinctif et réfléchi, ce qui inclut nos habitudes de consommation..

(2)     La culture du déracinement de l'imaginaire n'a finalement pour effet que le déracinement de la culture: C'est l'oubli des structures de l'imaginaire (cultivé dans l'incitation à l'ignorance) qui, en fin de compte conduit à sa répétition indéfinie et indéfiniment déformée en un perpétuel rêve éveillé, ou plutôt en une mise en abîme insensée, ce "culte hyperbolique de la mystification" auquel faisait référence Gilbert Durand. Quoi qu'on en dise les penseurs modernes sont bien d'avantage les penseurs de la modernité que des déconstructeurs de facto du passé, car on ne peut véritablement penser la modernité qu'en prenant du recul par rapport à elle (c'est-à-dire somme toute en la tenant littéralement en respect), et ceci (diamétralement) à l'inverse de la tradition que l'on ne saurait véritablement appréhender que de l'intérieur. La déconstruction systématique du travail de nos prédécesseurs procède d'un principe simplement analytique auquel se heurte en permanence l'impossibilité d'atteindre ni à l'empathie, ni à l'objectivité : On s'indigne ou on se gausse des sociétés qui ont précédé la notre pour toutes sortes de "raisons", mais la raison principale en est bien souvent (pour ne pas dire la plupart du temps) qu'elles ne sont pas la nôtre - ce qui devrait suffire en général à suspecter raisonnablement les raison évoquées... Sans être nécessairement passéiste il ne faut rien méconnaitre de ce que la notion de tabula rasa peut recéler en fait de supercherie appliquée à l'humain sans entendement. Les principes de l'astrologie généthliaque elle-même ne sauraient s'exercer sur une terre vierge, mais bien sur un terreau culturel préexistant qu'elle ne fait que confirmer.

(3) L'opinion assimile déjà la plupart des maux réels et imaginaires aux "conséquences de la crise"...   

            (4Certains n'en ont jamais fini avec eux-mêmes, les autres semblent n'avoir rien à se dire. Adam Smith qui était un moraliste chrétien avant d'être un économiste avait postulé que le développement de la conscience de soi, prise au sens de jugement, passait nécessairement par l'intervention d'un "spectateur idéal et impartial", dieu ou maître dont l'homme attend en permanence les approbations ou réprobations pour justifier sa conduite morale. Toutefois, il concluait que c'est l'ignorance des règles de justice qui pousse certains individus à s'enrichir aux dépens des autres. Il n'y a guère chez Smith comme chez ses disciples que la "théorie de la main invisible", le recours à la providence divine, pour tenter d'expliquer comment la seule poursuite des intérêts particuliers, c'est-à-dire la seule libération généralisée de l'instinct de domination, peut conduire à la réalisation de l'intérêt général. "Apprendre, rétorque Élisée Reclus, c'est au contraire la vertu par excellence pour l'individu libre se dégageant de toute autorité divine ou humaine; il repousse également ceux qui, au nom d'une "Raison suprême" s'arrogent le droit de parler pour autrui et ceux qui, de par la volonté de l’État, imposent des lois, une prétendue morale extérieure codifiée et définitive". N'est libre pour ce dernier que l’individu qui a forgé par une éducation personnelle ses propres principes éclairés par la raison. Il ne s'agit ni plus ni moins, au bout du compte, que de la question de la perfectibilité humaine en laquelle Smith, lui, ne croyait pas sans une intervention providentielle supérieure et "régulatrice", dieu ou le législateur (considéré ou non d'ailleurs comme exempt de cet instinct de domination). Or le résultat de la modernité fut un basculement radical dans le processus d'élaboration des consciences individuelles qui, partant de la verticalité (de la prière, par exemple), aboutit à l'horizontalité du rapport intersubjectif, de la confrontation ou du dialogue permanents, intériorisés ou extériorisés, avec autrui. Un des problèmes d'une telle subjectivité selon E.Forgues est le suivant : Parce qu'elle nécessite le mode biographique, donc ne mobilise que le langage suivant le postulat structuraliste que ce dernier épuiserait la conscience, elle tend à réduire le psychisme, la symbolique, à de simples signes, ce qui, entre autres mécanismes, a conduit à considérablement appauvrir l'univers intérieur de l'Homme (Cf Gilbert Durand), et abouti à l'impasse psychologique : Ex Nihilo, Nihil. C'est la raison pour laquelle Forgues insiste sur la nécessité de "saisir la spécificité de l'activité auto-réflexive médiatisée par des symboles qui puise à des ressources de sens indépendantes des structures linguistiques" (Vers un tournant symbolique post-structuraliste en sciences sociales, Montréal, 2000). 

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16 août 2011

Je canicule, tu canicules, nous caniculons...

Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. Molière
L'histoire est simple : Si vous vous êtes gavés d'antidépresseurs durant les fortes chaleurs du mois de Juin dernier, à force de lire sur les réseaux sociaux français la façon dont chacun se faisait un devoir de se plaindre de la "canicule" (exemple : "J'ai chaud : c'est une véritable canicule", ou encore "quelle canicule!", j'en passe, et des milliers), et si vous avez levé les bras aux cieux lorsque l’État, suivant la sagesse populaire, s'est empressé de "décréter la canicule" à la première alerte de sécheresse, alors vous n'avez peut-être pas besoin de lire ces lignes. Vous savez probablement déjà que la Canicule n'est ni une vague de chaleur, ni la façon dont tout un chacun réagit à cette chaleur et tient à le faire savoir universellement, ni un décret préfectoral, mais une période de l'année, la même tous les ans (puisque c'est une période, hein).


Cette période couvre globalement la moitié du mois... d'Aout. Et oui, vu sous l'angle habituel, on peut s'interroger, puisque chaleur et Soleil en étaient relativement absents sous nos latitudes cette année. Et pourtant, c'est indubitable : le mot Canicule vient du latin caniculus, qu'on traduit souvent par "petit chien" en référence à la constellation où se trouve l'étoile Sirius, ce qui est un comble puisque Sirius se trouve dans celle du Grand Chien. Il n'est pas impossible qu'on l'ait confondue avec la constellation Canis Minor. Or caniculus, pardon mesdames, est plus exactement rendu par l'expression : le cul du chien ; canis étant, comme chacun sait, notre fidèle compagnon, et culus, son extrémité postérieure. Après cette mise en appétit étymologique, un peu d'histoire.


La Canicule apparaît sous nos tropiques en relation avec la constellation d'Orion, facilement repérable dans le ciel nocturne. Orion était un chasseur mythologique, il est donc suivi et précédé par les constellations Canis (Minor et Major). Or c'est au début du mois d'Août que ces derniers accompagnent le lever du Soleil, marquant leur réapparition dans notre ciel comme le montre l'illustration ci-dessous. 

Pleine Lune du 14 Août, 7:00
Et, en particulier Sirius ou Alpha du Grand Chien, étoile fascinante s'il en est : Sirius, en grec Σείριος (Ardent) était le nom du chien d'Orion, dont Ptolémée a observé qu'elle était l'étoile la plus lumineuse du ciel. La Canicule est donc à proprement parler le lever héliaque de Sirius, au plus fort de l'été.

Canis, suit à la fois Orion et semble aussi, sous un autre point de vue, étant donnée leur proximité astronomique  (avec Procyon et le système Alpha Centauri),  accompagner notre Soleil dans sa course galactique. La sagesse antique est inépuisable...

En Égypte, son apparition conjointe au lever du soleil annonçait les grandes crues du Nil, et servait de base au calendrier. C'était, avec Alpha Draconis, l'une des étoiles majeures du ciel Égyptien. Elle fut divinisée sous le nom de Sothis, déesse de la fertilité. Sothis fut assimilée à l'une des nombreuses représentations de la déesse Isis, et plus tard, sans doute sous l'influence des Grecs, représentée accompagnée d'un chien. Chez les anciens égyptiens la constellation représentait en réalité le faucon, avatar d'Isis enceinte de Horus (Sirius), et suivant son époux Osiris (Orion). Les trois étoiles alignées de la constellation d'Orion, connues sous le nom de ceinture d'Orion, figuraient le sexe d'Osiris pointant vers Sirius.

Dans les pays anglophones de l'hémisphère Nord, la période coïncidant avec la Pleine Lune d'Août (autour du14 Août cette année) est appelée "Dog days"... Les jours du chien.

Enfin, et si quelques doutes demeuraient quant à la signification cyclique du mot Canicule, la constellation du Lièvre, ou du Lapin, qui se situe juste au-dessus de Sirius (cf illustration), appartient manifestement à l'ensemble d'Orion. Or le nom scientifique donné au lièvre est Oryctolagus caniculus... que nous pourrions cette fois traduire élégamment par "talonné par les chiens". En somme, traditionnellement, on ne dit pas que c'est la canicule parce qu'il fait chaud, mais il fait chaud... parce que c'est la canicule! (1)

1- "Effet, n, m: Le second de deux phénomènes qui apparaissent toujours ensemble et dans le même ordre. Le premier, appelé cause, est censé générer l'autre - ce qui n'est pas mieux démontré que cette personne qui, n'ayant jamais vu de chien auparavant que dans la poursuite d'un lapin, déclare que le lapin est la cause du chien" (A.Bierce, Dictionnaire du Diable)

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13 août 2011

Neptune en Poissons, aperçu symbolique et astrologique - seconde partie

L'action n'est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque chose, un énervement. Arthur Rimbaud (Neptune-poissons)

Qui sait? Peut-être ce Dieu abscons que l'ésotérisme des cycles le plus ancien avait sans doute soupçonné dans ses manifestations, et qui semblait régir les destinées des peuples, à qui il enseignait de génération en génération la spiritualité, cette sagesse par laquelle ils se rendaient capables de se le concilier, peut-être cela fut-il aussi le Dieu du Christianisme. Peut-être les ondes dans lesquelles nous baignons désormais en permanence, évoquées par l'intuition des  antiques philosophies et créées par le réseau subtil qui nous relie les uns aux autres, seront maitrisables par une semblable sagesse qui reste à redécouvrir pour servir à de grandes réalisations humaines.
Neptune en Poissons,4 Avril 2011, 9h00 GMT







Carte cardinale de l'entrée de Neptune en Poissons, clairement délimitée par le signe du Bélier, qui est celui des commencements (1) et des actions, où se trouve un stellium de pas moins de six significateurs, dont une conjonction appliquante de Jupiter à 1°40' du Soleil, une autre exacte de Mars (en domicile) à Uranus au premier degré du Bélier, et une troisième, également exacte et appliquante de la Lune croissante à Mercure. Mars active la tension cardinale Uranus-Pluton, et Saturne exalté et rétrograde en Balance tente de redéfinir l'équilibre, notamment dans les rapports sociaux qui peuvent être bouleversés dans un tel climat enflammé, extraverti, potentiellement explosif,  en un mot : sensible. Or quels évènements ont marqué ce 4 mai?

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Tempêtes, tornades, tremblements de terre, tsunamis. Forte contamination radioactive au Japon, incapacité des autorités de faire face aux conséquences de la catastrophe de Fukushima. Insurrections populaires et massacres en Cote d'Ivoire, protestation réprimée au Yémen, en Libye, en Syrie, à Oman, à Bahreïn, en Arabie Saoudite, en Jordanie et tensions accrues en Palestine. Les protestataires sont accusés par les régimes en place de "terrorisme" et de "propagande". Meurtres en série et tueries. Nombreux incidents et accidents aériens. Vives tensions religieuses en Afghanistan, un pasteur américain ayant brulé publiquement le Coran.  Au Vietnam un dissident est lourdement condamné à l'emprisonnement pour "propagande", encore. "Réformes sociales" en Angleterre menées par le gouvernement conservateur, malgré les critiques et une réprobation grandissante. Scandale financier en Irlande.… et un musicien remporte les élections en Haïti! La musique est un art neptunien. C'est dans un pays radicalement dévasté que l'astre, de retour dans son signe, semble faire sentir ses premières influences, or Neptune est la planète de la victimisation et de la désillusion, tout comme elle encourage la compassion et le don de soi (associations humanitaires et sanitaires, bénévolat) et le partage des émotions sur lesquelles se fonde le sentiment de communion permettant soit de la fuir, soit de faire face à une réalité désespérante. Neptune est, typiquement, la planète des opprimés et des abandonnés.

Van Gogh(Neptune/Poissons/MC) Crâne
C'est dans un tel contexte que Neptune entre une première fois en Poissons, en même temps que l'astéroïde Chiron. Cet aspect n'aime pas être confronté aux réalités difficiles, qui heurtent la sensibilité. Les conflits sont systématiquement évités, au mieux par un sens aigu de l'empathie, par une imagination puissante et par la spiritualité. Le Nœud Nord en Sagittaire exige pourtant un sens, une direction à l'action et aux émotions. Ainsi tout reste à faire, semble-t-il, pour l'astre de l'harmonie universelle. 




Sur un plan personnel? Avec Neptune il est difficile de parler de plan personnel. Cette planète est en rapport avec le subconscient, lequel se distingue à la fois de l'Ego et nourrit la personnalité individuelle à l'insu de celui-ci, mais relie également l'individu à des schémas mentaux plus larges et l'inclut dans des cercles plus vastes d'idées, qui peuvent être dissolvants pour la personnalité. C'est une force qui agit principalement sous la surface des choses, de manière intangible, mais qui peut ressurgir au premier plan lorsqu'elle est touchée, par exemple, par des transits importants de planètes plus rapides (ainsi c'est lors d'un transit de Mars sur son Neptune natal que Blaise Pascal connait son extase mystique). Mais comme elle passe environ treize ans dans chaque signe, et met environ 164 ans pour revenir à sa position de naissance, l'astrologie la considère surtout comme une planète générationnelle. Dans un thème natal toutefois, si sa position en signe et en aspects est suffisamment éloquente, Neptune peut indiquer la nature spirituelle du natif, ses rêves, sa sensibilité, ses illusions et désillusions, sa faculté de percevoir l'intangible, d'être inspiré, artiste  ou criminel (As ou Mc, notamment), d'être trompé par excès de naïveté, ou d'être soi-même tricheur, alcoolique ou amateur de stupéfiants. Personne, à ma connaissance, n'a Neptune en Poissons dans son ciel natal, sinon les enfants nés cette année entre le 4 avril et le 4 aout! 


Notes

(1) Cependant il n'est pas impossible que l'influence Neptune-Poissons se soit déjà manifestée ces dernières années, du fait de la réception mutuelle entre cette dernière et Uranus.

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12 août 2011

Neptune en Poissons, aperçu symbolique et astrologique - première partie

Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion. Saint Augustin

Neptune est entrée dans le premier degré des Poissons au début du mois d'avril de cette année. Elle rétrograde désormais en Verseau jusqu'en début Novembre, où elle sera stationnaire quelques jours avant de retourner dans son signe d'adoption, Les Poissons, mais pas avant Février prochain. Avant d'aborder cette rétrogradation, je vais essayer de profiter de la rétrogradation opposée de Mercure (un bon moment pour les rétrospectives!) et revenir sur le Sens de la planète dans cette position, en astrologie.

Si Uranus en Poissons (où la planète transitait jusqu'au début de Mars dernier) peut marquer une explosion des limites, comme l'a fait remarquer l'astrologue André Barbault - la planète se sentant trop à l'étroit, ou emprisonnée, dans les idéaux et les structures de pensées imposés par l'axe Poissons-Vierge et leurs maitres respectifs Jupiter-Neptune/Mercure, Neptune en Poissons, son domicile, peut marquer la naissance de nouveaux idéaux, et concurremment des courants de pensée successifs qui vont s'y former et les canaliser, notamment par les aspects Mercure-Saturne (astres en affinité avec le signe de la Vierge). Avec la rétrogradation de Neptune on pourrait assister à la disparition des derniers vestiges idéologiques nés au milieu du XIX ème siècle dont on aura fini par rejeter le caractère illusoire, trop simpliste, ou simplement périmé, des doctrines. On peut avancer la fin de la pensée marxiste et du libéralisme politique, mais aussi peut-être celle du consumérisme aveugle, de la pensée médiatique unique, de la psychanalyse freudienne, et même du scientisme positiviste résiduel qui pourrit encore de ses lieux communs les sujets les plus inspirants : Tout le paradigme idéologique véhiculé durant le XX ème siècle par les média en direction des masses s'en trouverait changé en autre chose, et cette autre chose pourrait se dessiner, sans doute confusément encore, pendant cette rétrogradation. Même si cette dernière s'accompagnait d'évènements fâcheux voire destructeurs, nous pourrions en tenir compte pour l'avenir comme d'une mise en garde contre les dangers qui menacent l'humanité dans ses idéaux mêmes, et au premier chef, sa confiance en elle-même et sa paix intérieure.

Neptune en Poissons est en rapport avec les idéaux philosophiques (Jupiter, premier maître du signe des poissons, l'est également) promettant le bonheur par la non-violence, et surtout les idéologies qui naissent de ces philosophies et qui même, malheureusement, conduisent souvent l'humanité à vivre un perpétuel rêve éveillé. Les philosophies qui promettent le bonheur dans l' après vie (marxisme, christianisme), ne sont finalement pas plus déraisonnables que celles qui le promettent comme un résultat immédiat du labeur ou de la chance, ou de la possession.

Selon une étude en effet le bonheur contemporain est une chose des plus indéfinissables quand il n'est pas simplement confondu avec le sentiment de joie transitoire idéalisé (1), ou la sensation de bien-être, encore plus éphémère. Il semble en outre, selon des expériences scientifiques récentes, qu'il soit lié d'avantage à une attente qu'au résultat attendu (l'attente serait ainsi beaucoup plus que "la moitié du plaisir"!).

Cependant il n'est pas de philosophie universelle, ou de doctrine idéologique, qui ne soit aussi une philosophie du bonheur, quelque définition qu'on lui donne, confondu avec l'idéal suprême. En Occident le bonheur a dépendu des époques (2) : Dans l'antiquité, le bonheur était lié à la sagesse, considérée comme une vie en accord avec le destin (amor fati) et vers l'an 55 (♆♓) nait Épictète, philosophe de l'école stoïcienne, auteur de l'adage "Sustine et abstine" : il est vain de s'attacher à ce qui ne dépend pas de soi .
Dans l'au-delà, au moyen âge, réside le seul bonheur possible : les idéaux plus accessibles sont réservés à une élite, aux mystiques ou aux quelques hérétiques ayant pu consulter les écrits antiques, les philosophies hermétiques et gnostiques, et , plus tard, les travaux des arabes. Vers 540, Benoît de Nursie établit la règle (et donc l'Ordre) des bénédictins (♆♓). L'année 1202 date la quatrième croisade,  Neptune est en Poissons, cependant c'est au contraire à une destruction massive d'ouvrages antiques que l'on assiste à Constantinople. Pluton est alors conjointe à Uranus et opposée à Jupiter (les cathares, secte pacifiste, sont au faite de leur puissance vers 1200-1210 :♆♓). En 1206 François d'Assises se fait ermite et mendiant (idéal du bonheur : l'extase mystique) mais les masses populaires ne peuvent guère que "croire et témoigner"
Autour de 1520-1530 (♆♓), c'est l' humanisme florissant (courant de pensée ressuscitant et remodelant les idées de l'antiquité, véritable libération du carcan médiéval pour toute une population grâce à l'imprimerie) d'un coté et des réformistes de l'autre, tous taxés à un moment ou à un autre d'hérésie (Luther donnera naissance au courant protestant en réformant le principe du mérite nécessaire pour gagner l'éternelle félicité, et Rabelais, à l'inverse, louera les joies de ce monde dans son Gargantua, avec l'unique précepte du Thélémisme « Fay ce que voudras »).♆♓.
John Locke assimile le bonheur, à la fin du XVII, à la loi du plaisir maximum (Essai sur l'Entendement Humain, 1690, ♆♓), notion dont les écoles les plus diverses se sont emparées au siècle des lumières, de Sade à Rousseau, sans succès véritable car la configuration était alors absente, et leurs continuateurs que sont les philosophes doctrinaires du XIXème siècle, bien trop matérialistes pour en tirer la quintessence (cf note en bas de page de mon article sur l'opposition des rétrogrades). D'ailleurs étrangement Epicure, créateur de l'hédonisme est mort selon certaines sources vers -270 soit précisément sous cette configuration, qui appelle, semble-t-il, la spiritualité laquelle n'est peut-être, ainsi envisagée,  qu'une forme sublimée de réceptivité au rêve (ou au mythe, donc) de l'espèce.
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On ne saurait évidemment affirmer que tous les évènements cruciaux en rapport avec la spiritualité et la haute philosophie pacifique (c'est-à-dire les grands idéaux de l'humanité visant le "bonheur général") se sont produits sous cette configuration particulière… mais il me semble que ceux que nous avons mentionnés collent parfaitement avec l'histoire des idées telle qu'on l'enseigne aujourd'hui dans les écoles. En voici un autre aperçu non exhaustif, qui vous semblera peut-être familier : autour de l'année 55 encore, les premières confréries chrétiennes se créent au moyen orient : ♆♓ . Vers 215-220 (♆♓), le culte de Mithra se répand à Rome. Les premiers chrétiens célèbrent leur culte dans les catacombes. A la même période nait Mani, le père du manichéisme. Vers 380 (♆♓) le Christianisme est déclaré religion de l'Empire Romain. Rédaction de la Vulgate, et interdiction du paganisme (fin Poissons-début Bélier). La période de 370 à 390 environ, où Neptune est essentiellement en Poissons, marque la christianisation de la Gaule par Saint Martin de Tours (premiers monastères, règle de pauvreté et de mortification, institution des copistes, puis destruction des temples et idoles païennes, abattage des arbres sacrés, début Bélier). En 386, saint Augustin se convertit au christianisme (Conjonction Jupiter-Neptune en Poissons trigone à Uranus & Saturne) (3). Vers 550 Childebert fonde l'abbaye de saint Germain des prés. Vers 707-708 est reconstruite la grande mosquée de Médine sur le tombeau de Mahomet. En 710 la conquête musulmane est achevée en Afrique du Nord, et débute en Espagne, non christianisée, et jusque dans la région de l'Indus. En 715 (♆♓) Saint Boniface commence à évangéliser les tribus germaniques à l'Est du Rhin. La contre-attaque chrétienne commence en Espagne (Asturies) vers la fin du cycle, avec Neptune aux premiers degrés du Bélier, alors que les musulmans entrent à Narbonne et menacent l'Aquitaine. En 718, les musulmans ne parviennent pas à prendre Constantinople, où une mosquée destinée aux prisonniers est pourtant élevée. Globalement l'extension musulmane a trouvé ses limites... 

Tout ceci est d'autant plus étonnant que jusqu'en 1845 (alors qu'il se trouvait justement dans le signe des Poissons) on ignorait l'existence de cet astre, aux influx si désorientant, si difficilement préhensibles par les sens habituels, si peu positiviste, et si confondants. Bien sûr le Christianisme en tant que doctrine de masse existe aussi en-dehors de ces périodes, mais ces dernières lui sont essentielles, et ce sont celles qui l'ont constitué en tant que courant idéologique. Une rapide vérification montrerait peut-être des périodes de déclin ou d'ajustement lorsque Neptune transite le signe opposé, et de remises en cause durant son passage dans ses deux signes critiques… ce qui dépasserait largement le cadre de ce bref exposé. Il n'y a pas de signe particulièrement réfractaire aux religions, mais, il est vrai, certains réagissent mieux que d'autres aux flux et reflux neptuniens, certains y sont plus réceptifs, ou plus à l'aise avec leur propre réceptivité.
source ilemaths
Le christianisme s'est toujours posé comme un mouvement transgénérationnel (Poissons) mais Neptune est aussi la planète qui marque le mieux en général le passage d'une génération à une autre, et par conséquent peut exprimer leurs différences. D'ailleurs avec Neptune il s'agit moins du message véhiculé que la faculté des religions à rassembler des masses toujours plus importantes - ainsi la vague des raves (prononcer "rêves") vers la fin des années 80 - début 2000 induisant des transes par la musique tribale et électronique, et les psychotropes, peut aisément être attribuée à Neptune et Uranus (Capricorne/Verseau), planètes générationnelles liés à l'inconscient collectif. Lors de festival de Woodstock, Neptune transitait les derniers degrés du scorpion et le Nœud Nord se trouvait en poissons (opposé à Pluton) : Il s'agissait aussi là, on n'a pas assez insisté sur ce point, d'une messe (en anglais : "mass") de transition ou d'un rite de passage générationnel, où tous les signes sociaux distinctifs étaient rejetés avant d'être transformés et réappropriés dans un nouveau cadre de responsabilités.

Et à propos de désorientation et de confusion, vous pouvez faire l'expérience simple suivante : promenez-vous en ville avec une boussole et remarquez comment l'urbanisme s'est développé depuis le moyen-âge. Et oui, aucune architecture qui soit en rapport avec les points cardinaux. Vous êtes systématiquement et globalement perdus (au sens propre et figuré du terme) à chaque pas. Même les églises, souvent, ne dérogent pas à cette règle. En fait, la ville typique s'est construite anarchiquement autour de l'église et du marché. Et nous connaissons tous désormais les limites et les faiblesses de l'un et l'autre. Cette désorientation est l'œuvre de Neptune (et des croyances naïves et erronées dans la toute puissance de l'espérance humaine, dont la Ville est un symbole). Avec Neptune en poissons, il n'est pas rare que les états seconds deviennent la règle et la norme. D'où ses rapports en astrologie avec les hôpitaux, les asiles et les prisons. Orientation vient d'Orient, un mot désignant à la fois l'Est, la direction du levant, mais aussi la source symbolique de toute la spiritualité philosophique pérenne. Éclairés? (4)

Autres exemples au hasard de Neptune en Poissons : Vers 1040 renait le bouddhisme au Tibet (♆♓). Vers 1206 le bouddhisme zen est introduit au japon (♆♓). En 1869 nait Gandhi, avec Neptune en Poissons (en sidéral). Sa doctrine de l'ahimsa, ou totale non violence, a montré toute sa puissance face à un Royaume Uni réputé invincible militairement. Plus récemment, la révolution pacifique en Syrie montre la Planète à 28 degrés de son signe d'adoption (ce qui est vraiment très proche) où se trouve par ailleurs une Lune naissante fortement neptunisée par son premier transit. Enfin, autre "mantra", le rêve ("I have a dream!") du militant pacifiste Martin Luther King est à prendre à la lettre, avec Neptune sur le premier degré du signe de la Vierge, à l'opposé donc de celui des Poissons. "Only one dream" (Je n'ai qu'un rêve) pourrait être encore plus précis le concernant, car cet axe est dans ce cas particulier l'inverse de celui d'un rêveur… Ce rêve unique et précieux a probablement hanté et justifié son existence entière.


Notes 

(1) Du reste chacun sait que le sentiment (lié à l'élément Eau du signe des Poissons en particulier) est une notion intimement personnelle, qu'il serait parfaitement illusoire, inutile, voire assez malsain de tenter de généraliser, par une doctrine ou par toute autre voie. Or c'est là une tendance et un écueil de Neptune dans cette position.

(2) Source
 
(3) Ôtez ces deux périodes particulières de la vie de ces deux individus particuliers et jamais l'Europe n'aurait connu la religion chrétienne, qui se serait éteinte à Rome... 

(4) Le poète Arthur Rimbaud (♆♓), qui chantait le paganisme, ne pensait-il pas à son tour atteindre à l'état de clairvoyance "par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens"? En déréglant ses sens, mais  selon une discipline cette fois, il pouvait, pensait-il, échapper à son destin de chrétien en se lavant des influences millénaires dont son milieu européen bourgeois était surchargé. Et ainsi intégrer une Vision neuve, un nouveau mysticisme. Les religions païennes se fondent en effet, pour la plupart, sur l'orientation, ou du moins l'intègrent systématiquement. 

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09 août 2011

Emeutes à Londres (Mars en Cancer)

"Explosions" disions-nous à propos de l'opposition Mars-Pluton... "Destructions massives, effondrements"... Cette dernière semaine s'est illustrée par trois événements marquants. Le premier, c'est le vote (dans l'urgence, encore!) par le congrès américain d'un accord sur le relèvement du plafond de la dette, et la dégradation de la note du pays par les agences financières qui s'est aussitôt traduite par un effondrement des marchés. Le problème de la dette des États devient donc un problème mondial (1).

Le second, c'est le passage de la tempête tropicale Emily sur les Antilles, qui n'a pas épargné Haïti déjà dévastée par plusieurs violents séismes au début de l'année 2010 (♄☐♇ & ☾☐♅). Ces deux événements sont peut-être liés à la réactivation de la Croix Cardinale de Juin par le transit de la Lune sur Saturne autour du 3 août. Saturne, par le biais de la Lune, s'oppose de nouveau à Uranus, configuration qui a présidé à l'effondrement boursier de 2007-2008, et à toutes les crises financières suivantes (depuis Septembre 2007 en effet ces deux planètes étaient en vis-à-vis, au gré de leurs rétrogradations respectives jusqu'à cette dernière activation). Ajoutons que cette opposition teste la solidité et les fondements des structures, qu'il s'agisse  des structures mentales et institutionnelles comme en fin 2007 (♄♍) ou des infrastructures. En Balance il peut s'agir aussi des structures relationnelles et  humanitaires : En Haïti il a fallu déplacer les dizaines de milliers de réfugiés des camps en un temps record... Les inondations et les glissements de terrain n'ont par contre pas épargné les habitations encore debout. 

Reuters

Ou encore, les fondements de la justice et d'un certain équilibre social... On me pardonnera, je l'espère, mon manque apparent d'orthodoxie si je précise le fond de ma pensée : L'opposition de deux lentes laisse une trace profonde dans la mesure où non seulement elle met en lumière une situation existante mais aussi dans la mesure où elle s'étend dans la durée (quatre ans). Elle crée un nouveau paradigme et affecte les structures de la pensée. C'est la raison pour laquelle je lierai également les événements londoniens actuels à cette configuration "passée", car outre que celle-ci par son ampleur n'est pas soumise à la précision des orbes traditionnellement acceptées pour une opposition, les problèmes qu'elle a mis en lumière n'ont surtout pas été résolus, et en aucune manière. Les responsables de la catastrophe économique du siècle sont toujours à leurs postes et il n'y a pas eu de remaniement d'un système financier défaillant dans ses fondements mêmes. Au contraire, on a sauvé les organismes de crédit et reporté de façon massive les pertes sur les contribuables des États touchés. On n'a pas résolu les crises successives. Les "politiques de rigueur" mises en place sont apparues aussi soudainement que la "nécessité générale" pour les États de se désendetter. Tous partis politiques confondus ont admis cette "nécessité", si bien que finalement, la rigueur touchera avant tout les ménages les plus défavorisés, souvent eux aussi endettés et encore obligés d'emprunter, déjà frappés par la hausse des prix. Sans parler des remises en cause des prestations sociales : La Grande Bretagne fait ici figure de pionnière, David Cameron, premier ministre, ayant fait voter en Mars une loi obligeant les allocataires de prestations à effectuer des travaux d’intérêt général sans rémunération (comme des criminels ou des esclaves, en plein XXIème siècle... J'encourage le lecteur à consulter la Déclaration universelle des Droits de l'homme!). Peut-être se trompe-t-on un peu de responsable, et peut-être une certaine tension sociale risque-t-elle de s'exacerber. Cette tension est dans le Carré en T (crise) que ♂ vient de réactiver avec ♇ & ♅ (deux lentes, encore), les planètes des révolutions profondes. Nous l'avons rapidement abordée (et nous y reviendrons), cette position particulière de Mars en Cancer a été occupée déjà à plusieurs reprises par plusieurs astres rapides qui ont préfiguré cette situation tout au long du mois de Juillet. 

London, G.B. 17h30 GMT

Les émeutes ont éclaté "en fin d'après-midi" selon la police. On peut raisonnablement fixer l'heure à 17h30 GMT, ce qui nous donne une carte avec des positions angulaires pour le carré en T et la Lune au MC. La lune est en effet un facteur important à prendre en compte pour le déclenchement des événements. En Scorpion, elle est maîtrisée par Mars (réception mutuelle en Cancer) et Pluton simultanément, à qui elle envoie en outre deux aspects problématiques! La bissectrice du triangle ainsi formé entre la Lune, Mars et Uranus est l'opposition de la première avec Jupiter (extension des problèmes de communication entre la jeunesse et l'autorité) (2). Ce dernier aspect implique en outre un manque de modération dans les réactions. En Scorpion, la Lune indique une sensibilité émotionnelle du peuple et de l'opinion publique qui occupe ici la MX, l'autorité de la Nation et les événements déterminants pour elle. Elle est dans son premier quartier, donc carré au Soleil et à Vénus (les valeurs politiques) en VII : rupture de contrat (Vénus, planète sociale par excellence, est, en outre, combuste) et conflit avec la volonté collective (c'est-à-dire l'autorité la représentant). 

Aspectant Mars et Uranus en carré, il y a déclenchement violent et explosif d'une crise latente. D'ailleurs Mars est exilé dans le signe du Cancer, ce qui le rend particulièrement malveillant si des critères émotionnels entrent en jeu, ce qui semble avoir été le cas ici. Réactif, agressif, il est aussi légèrement hors des limites de l'écliptique durant tout le mois d'Août, ce qui l'incite à s'écarter des règles. Carré à Uranus et opposé à Pluton, c'est un puissant détonateur, mais aussi un indice du problème, puisque le signe du Cancer, selon certains astrologues, représente particulièrement nos démocraties occidentales arrivées à un certain niveau de développement. Anecdotiquement, Uranus est à la fois l'astre des révoltes (surtout ici au FC) mais aussi des communications téléphoniques, qui, semblerait-il, ont joué un certain rôle dans l'explosion populaire londonienne... Enfin Pluton veut la destruction pour la destruction à l'ascendant. C'est la dynamique de l'émeute qui régit cette carte.

On ne saurait conclure sans revenir sur l'axe Mercure-Neptune, toutes deux rétrogrades, dont nous avons déjà évoqué l'effet insidieux sur la psychologie individuelle. Neptune dirigeant les idéologies des masses, elle peut aussi bien, lorsqu'elle est rétrograde (c'est-à-dire plus puissante et moins maîtrisable), présider à leur folie. Opposée à Mercure R, ici à 0 degré Vierge, c'est l'échec des négociations, le refus des discussions raisonnables et le manque d'arguments (Saturne en Balance) qui entraîne une forme de déchaînement collectif sans idéaux partagés. Les appétits individuels encouragés et frustrés se satisfont hors de tout contrôle et Mercure R en VIII/Neptune R en II (pillages) donne une réponse à des exigences impossibles à satisfaire (La Vierge en VIII peut signifier un travail impossible au service d'une dette, Mercure R exprimer l'échec de la politique d’État en la matière et Neptune celui de l'idéologie de la consommation de masse).




Notes

(1) Comme nous le disions ailleurs, la "crise des dettes souveraines" n'est qu'une autre expression pour la crise du modèle financier, puisque la finance internationale n'existe que par la dette, c'est-à-dire par les taux d'intérêt faisant grimper cette dette de façon exponentielle. Ce n'est que secondairement un problème politique, quand par exemple les États empruntent massivement (à qui, sinon à d'autres banques, ou directement par des emprunts dits d’État?) pour renflouer des établissements financiers privés qui se sabordent par des abus spéculatifs (subprimes), accroissant ainsi encore la dette "souveraine". La nationalisation était une solution moins onéreuse qui rendait les transactions plus claires, voire contrôlables. Le problème des spéculations sur les dettes se poserait sans doute moins durement aujourd’hui à la BCE.

(2) Ces deux aspects lunaires sont des sesqui-carrés, qu'on interprète souvent entre autres comme un besoin de surcompensation dû à un blocage incapacitant de la participation sociale. Ce sentiment aurait pris avec Jupiter une ampleur démesurée...     

04 août 2011

Opposition Mercure R et Neptune R : Un univers intérieur de contradictions

Toute chose a deux anses : l'une permet de la porter, l'autre non. Épictète. Manuel, XLIII



Être malhonnête envers soi-même a-t-il un sens? En fait la réponse est oui, du moins en psychologie. Cela a plusieurs noms, le refoulement, le transfert, la persona, même. En fait le refus de se reconnaître ou simplement de se connaître est le début d'une rupture psychologique (une rupture de contrat entre la conscience et l'inconscient) qui influe sur notre individualité, sur notre comportement et nos relations. Ainsi en est-il sur un plan personnel, lors de l'opposition entre Mercure rétrograde (la rupture du contrat, mais aussi le retour sur soi, le besoin de penser au passé) et Neptune (la vie inconsciente, mais aussi la spiritualité lorsque celle-ci est cultivée), qui entre dans son signe en Poissons. 

C'est d'ailleurs souvent ces dernières (nos relations) qui nous renvoient une image de soi déformée (elle l'est, nécessairement, sauf à dire avec Sartre qu'on "rencontre l'autre, on ne le constitue pas"). L'enfant est un infini de potentialités, l'adulte est théoriquement l'actualisation et la spécialisation d'une partie seulement de ses facultés. Où sont passées les autres? C'est là encore un des aspects du mensonge socialement encouragé qui fait de nous des demi-êtres ou des individualités aux facettes multiples qui, bien souvent, ne s'appréhendent vraiment que dans le regard de l'autre ou la peur de ce regard. Et ne se re-connaissant que par ce regard extérieur, nous sommes littéralement aliénés par lui. Ce que nous nommons notre "Moi" n'est plus que ce que nous nous imaginons être aux yeux d'autrui. Voilà ce que craint généralement le natif de la Vierge et ce que risque en confiance celui du Lion, en se laissant cependant entraîner parfois dans une inflation sans limites de l'Ego (Soleil carré Jupiter, maître des Poissons). Le démarchage commercial est, par exemple, fortement perturbé par cet aspect, lorsqu'un client poli et un minimum empathique essaye de se mettre à la place de ce que le vendeur s'imagine à tort que l'on est et, par conséquent, s'efforce d'être! (technique marketing neptunienne éprouvée, paraît-il, mais qui, là, ne donne vraiment rien : Je viens d'en faire l'expérience étonnante).


   
Mais surmontons ce regard, affranchissons-nous du besoin de paraître même, si possible, et nous n'avons pas pour autant réglé le problème. Demeure sans doute l'affirmation intuitive du Moi qui sans cesse se nourrit et se heurte aux suggestions, aux idées, aux courants d'opinions, au rêve. Affirmer, dans un sens, c'est oser se contredire, et c'est là en partie la problématique de l'opposition Neptune-Mercure rétrograde en Vierge-Lion : Ce que la Vierge n'osera pas exprimer par pudeur et par crainte pour son individualité, ce qui, par conséquent, n'aidera personne, le Lion le décrétera et, ce faisant, contredira sa nature intuitive : le message sera brouillé, ou s'il passe, induira en erreur; l'intellect n'est plus ici au service de la volonté. Il y aura pour l'un et l'autre un blocage dans la communication (Mercure) dû à des influences extérieures corrosives et insaisissables car impersonnelles (Neptune). Ceci est d'ailleurs valable pour les natifs des autres signes, tout dépend du placement de ces deux signes dans leur thème natal. Bref, mieux vaut penser deux fois avant d'effectuer quoi que ce soit impliquant la communication. S'il s'agit d'utiliser des moyens de communication massive tels que télévision, radio, mais aussi les réseaux sociaux, on constatera sans doute une fois de plus que soit le message peine à passer (pour des raisons imputables à l’émetteur ou au récepteur), soit qu'il y a confusion dans l'utilisation du médium, soit simplement que la technique refuse de suivre.       

Pour en revenir à l'individu, cette duplicité existe depuis l'Antiquité (au moins), avec le mythe platonicien de l’androgyne primordial, mais nul n'ignore depuis toujours la puissance des rêves, et, d'ailleurs, la difficulté de l'éveil. La plupart des hommes vit en permanence dans ses rêves et de ses rêves - c'est le domaine de Neptune, qui régit les média de masse et les idéologies des peuples (1). Pour en sortir, il faut un retour sur soi parfois douloureux, ce que Mercure rétrograde invite de toute façon à faire. L'opposition, elle, paradoxalement, invite à une conciliation des contraires qui ne peut se faire qu'en traversant des séries de crises individuelles et collectives - appelons cela l'évolution. Aussi cet aspect, bien que courant, entre les deux significateurs de la pensée personnelle et transpersonnelle est-il traditionnellement considéré comme difficile, car Neptune, en promettant de faire du réel un rêve et du rêve une réalité est le "refuge" ou la consolation artificielle et illusoire apportée à l'individu par la société du spectacle. Sa prison également, bien entendu, car Neptune, elle aussi rétrograde, lui refuse en fait toute individualité et donc tout accès à une pleine spiritualité. Personne ne doit donc s'étonner si cet aspect ☿R/♆R est traditionnellement lié, aussi, à la prise de drogues et à l'accoutumance.  

Notes

(1) L'année 1848, la dernière fois que Neptune entrait en Poissons, est connue en Europe comme le Printemps des peuples du fait d'une vague de révolutions populaires. La France abolit définitivement l'esclavage, Marx et Engels écrivent Le Manifeste du Parti Communiste, J. Stuart-Mill publie son Économie Politique...   
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