19 décembre 2013

Ingrès de Saturne en Scorpion et réception réciproque avec Pluton : 2 - Eclipse totale du sens commun

"Le diable, c'est la sublimation manquée". A. Barbault: Scorpion (Seuil,1959)
(Ingrès de Saturne en Scorpion et réception réciproque avec Pluton, Première partie)

Avant d'aborder dans un second temps l'éclipse totale du 3 Novembre, il est nécessaire de la resituer dans le contexte astral plus vaste qui est le sien.

Uranus carré Pluton, en premier lieu, favorisent les abus de pouvoir en particulier dans les institutions financières (Pluton en Capricorne). Ce pouvoir se caractérise par une hiérarchie excessivement cloisonnée et rigide. Saturne en Scorpion accentue encore cette puissance qui se veut inamovible en la justifiant par l'obscurité entretenue et la rigueur supposée de l'expertise. Ici la révolte uranienne ne se fait pas uniquement dans le renversement de cadres souvent dépassés mais encore dans l'exploitation surintensive de telles structures par des puissances dérégulées et sans attaches visant leur implosion (Uranus en Bélier).

L'exemple le plus immédiat de cette interprétation communément admise en astrologie est peut-être celui du traité de libre échange entre l'Union Européenne et les États Unis, où l'on "découvre" l'impuissance et la complaisance des États face à des groupes de pression divers dont l'arme favorite est l'exploitation à outrance de prétendues failles juridiques dans les législations nationales, mais pour lesquels en réalité tous les moyens se valent.

Saturne en Scorpion en réception réciproque avec Pluton en Capricorne met en effet un accent pour le moins pesant sur tout ce qui relève du pouvoir des institutions. Certains États préfèrent céder plutôt que de se lancer dans des procès interminables dont le coût jugé excessif par l'opinion publique nuirait à l'image des gouvernants. La longueur même des procédures, risquant de s'étendre au delà d'un simple mandat pousse certains gouvernements à accepter des conditions inacceptables. Le résultat est que les États, en particulier ceux qui font de l'esquive ou de la négligence un sport national, se voient bel et bien spoliés peu-à-peu de leur pouvoir juridique et décisionnaire au profit de compagnies financières transnationales. L'état actuel de la Grèce, reléguée par les investisseurs au rang de marché émergent, et celui de l'Espagne dont la dette livrée à la spéculation a atteint le chiffre de son P.I.B. sont deux reflets parmi d'autres de cette conjoncture.

S'agit-il d'une nouvelle illustration du pouvoir d'une élite mondiale d'experts en régulation se situant elle-même au-delà de toute régulation telle que l'avait déjà entrevue le sociologue américain Christopher Lasch en son temps? C'est en effet une des implications possibles, non de la réception réciproque proprement dite, mais du carré. Avec Uranus en Bélier en effet c'est la légitimité même du pouvoir au sens conventionnel qui est systématiquement remise en cause, mais par la poussée irrésistible d'intérêts personnels coalisés ou simplement imposés par une idéologie individualiste agressive (Mars, ne l'oublions pas, est maître d'Uranus et de Saturne). Dans un tel contexte il semble douteux que des intérêts plus universellement humanistes et moins étroits dans leurs projets puissent s'opposer à cet état de fait du moins pour le moment dans la mesure où le simple bon sens doit désormais pour s'exprimer s'appuyer sur la parole de spécialistes. Autant dire qu'il peut parfois se révéler de peu de poids face aux assauts impersonnels des groupes de pression. N'a-t-il pas fallu l'intervention d'un prix Nobel d'économie scandalisé pour empêcher tout récemment un nouveau désastre politique et économique qui n'aurait pas manqué de suivre l'abaissement de «la note de la France» par des "agences financières" auxquelles on a tout-à coup offert implicitement (et ce malgré les rapports qu'elles ont entretenu avec les responsables de la débâcle financière et le rôle qu'elles ont joué dans celle-ci) un pouvoir immense de décision dans la gestion des États? (Mercure conjoint à Saturne - la parole des experts - disposait alors du ciel avec Mars en Vierge, autre réception - la volonté de clarifier une situation brouillée, en particulier pendant l'opposition récente de Mars et Neptune, et l'éclipse solaire: Tout comme la liberté réside d'abord dans la connaissance de la limite, l'éthique, sous une telle conjoncture astrale, consiste avant tout, pour paraphraser Kant, à savoir vouloir).

Par contre lorsque quelques actionnaires se rendent capables de prendre le contrôle de toute la «stratégie» d'une entreprise comme c'est de plus en plus souvent le cas, on interrogerait inutilement les experts pour justifier leurs compétences, et ce manque de volonté de justification même révèle qu'en fait deux visions opposées du "réalisme" s'affrontent. Il va bien de soi que ce qui est recherché dans ce cas précis n'est pas le progrès de l'entreprise en question, à plus forte raison son potentiel qualitatif ni sa créativité, mais sa rentabilité immédiate: Qu'importent alors les critères qui ne relèvent pas de «l'urgence de la compétitivité»? Les prises de risques, quant-à elles, sont évidemment réduites à leur strict minimum tout comme le sont en fin de compte les possibilités d'innovation. Rien d'étonnant à ce que les médias de masse relayent de préférence ces vues qu'ils partagent abondamment: Leur culte superficiel du "progrès" se fonde largement sur ce réalisme si pesant des marchés et sur Ie principe pavlovien de gratification-sanction immédiates du marketing le plus agressif qui sont pourtant en tout si contraires au progrès démocratique réel (1) D'ailleurs ce prétendu réalisme même est fortement remis en question aujourd'hui: Pour de plus en plus d'économistes, le processus de fixation des prix par le marché et le comportement des acteurs étant essentiellement imprévisibles (c'est sur ce principe d'incertitude même, en somme, que se fonderait tout profit) une autorégulation des marchés serait simplement utopique. Il est par conséquent souhaitable de reconsidérer la légitimité (ou plutôt l'illégitimité entretenue par certain courant économiste néo-keynésien) d'un contrôle exercé sur des flux de capitaux qui ne relèvent désormais que de la spéculation la plus arbitraire, au même titre que sont encadrés par les législations jeux de hasard ou courses de chevaux. Cette idée jugée encore trop fataliste (nous venons pourtant de montrer que dans le cas par exemple des agences de notations l'inverse ne semble généralement pas soulever autant d'objections) de la nécessité d'une régulation extérieure de richesses demeurées irrationnelles malgré tous les systèmes successifs est tout à fait de l'ordre d'un Saturne en Scorpion reçu par un Pluton en Capricorne affligé. L'idée du principe d'incertitude, par contre et paradoxalement, en ce qu'elle dépasse la notion de finitude que sous-tend celle du pur mécanisme saturnien, est en fait la conception à la fois éminemment ancienne et traditionnelle (Saturnienne) et évolutive (Uranienne) que l'on retrouve même à l'origine des sciences et des arts humanistes modernes. Nous reviendrons sur ce point. Un contrôle extérieur, avec toutes les difficultés qu'il présuppose (le monde financier est réputé être le plus opaque des secteurs, celui d'où les informations ont le moins de chances de filtrer, ou le secret est le plus strictement entretenu) ne pourrait d’ailleurs être encore qu'une mesure conjoncturelle nécessaire appliquée à une crise d'une toute autre nature (n'oublions pas que c'est l'opposition Saturne/Uranus de 2007 qui a inauguré l'actuelle récession). C'est donc bien avant tout de la moralisation d'un système dont les excès deviennent des obstacles, et non plus des moteurs pour le progrès humain qu'il s'agit ici.

Mais n'est-ce pas, à vrai dire, une forme de pillage systématique, au-delà même de l'exploitation outrancière, lorsqu'une entreprise rentable est poussée au rachat par une banque fraichement miraculée, soit qu'elle ne puisse emprunter à cette dernière sans faire figurer dans le contrat des clauses aussi crûment explicites et rédhibitoires que l'abandon de ses brevets en sa faveur, soit que les tarifs pratiqués deviennent soudain si exorbitants qu'elle se voit poussée à la faillite et ses actifs aussitôt rachetés par ladite banque, une de ses filières ou un de ses partenaires... En France en particulier, nous le montrerons plus loin, ces légères contrariétés et contradictions n'empêchent d'ailleurs nullement un patronat de la même obédience néolibérale de se tourner ensuite assez cyniquement vers l'État providence qu'ils rêvent secrètement d'abolir pour en exiger, sous la menace de licenciements et délocalisations, abattements fiscaux et autres mesures d'exception: si le chômage ne fait que croître et si le niveau de vie général est en baisse constante, si la misère progresse comme on s'y attendait, le salaire des patrons du CAC 40 a quant à lui augmenté de 9% cette année... On le voit, Saturne, bien que garantissant normalement une certaine répartition des responsabilités, peine parfois encore à freiner la dérégulation abusive des pouvoirs sous-tendue par le carré Uranus/Pluton. L'austérité, nécessaire ou non, ne semble (si elle existe) encore parfois devoir s'appliquer qu'avec parcimonie et force discrimination, pourrait-on dire.

Dès lors on s'interroge légitimement sur les raisons "purement économiques" qui ont poussé les États à sauver ces mêmes compagnies financières sur le champ et coûte que coûte sans en exiger ouvertement en retour la moindre compensation ni la moindre restructuration. Réflexe automatique dû à de vieilles habitudes libérales? L'opposition Saturne-Uranus pointait très-précisément un grave problème structurel et institutionnel dans nos sociétés. L'étiquette "too big to fall" apposée à un établissement fautif n'est pas non plus très explicite économiquement et n'encourage guère plus qu'elle n'engage ses responsabilités passées et futures. Inutile peut-être d'ajouter que ce n'est pas la première fois que des multinationales s'effondrent pour des raisons et dans des conditions similaires. L'histoire du monde moderne compte au moins deux cas tragiques semblables, trois en incluant cette période.

J'y reviens pourtant parce que d'une part s'est tenu récemment un sommet européen où était discutée la question du sort réservé par les États aux grandes banques en faillite, prologue nécessaire désormais à "l'union bancaire européenne" (comme si l'union européenne devait ressembler à autre chose sous une telle configuration astrale qu'à une obscure tentative tardive de mise en place d'un mécanisme de "régulation financière" visant en fait à limiter l'ampleur d'un retour prévisible aux mesures protectionnistes) et d'autre part parce que la réception réciproque entre Saturne et Pluton peut très facilement évoquer l'exercice dans l'ombre, et au-delà de la compréhension des simples populations mortelles, d'une volonté de puissance globale exclusive et abusive (et je ne crois pas être le moins du monde conspirationniste en écrivant cela). Les mots protectionnisme, banqueroute, déconfiture ou nationalisation sont quelques-uns des tabous de notre époque qui se vantait il y a peu de temps encore d'en être délivrée. René Girard, c'est vrai, allant à contre-courant des thèses de la plupart des sciences humaines du début du XX ème siècle a expliqué (dans La violence et le sacré, 1972) comment interdit et tabou - notions traditionnelles propres à Saturne et à Pluton - jouaient à l'origine un rôle de protection des sociétés contre leur propre violence et ne reflétaient donc pas nécessairement des tendances simplement inhibitrices de celles-ci. Or dans le cas présent non seulement ce sont des tendances nouvelles mais on conçoit mal où se trouve la violence dans la simple énonciation ou même dans l'application des lois ordinaires de l'économie. La peur des transformations profondes signifiée par Saturne en Scorpion conduit à un tel statu quo. Le monde, semble-t-il, retient son souffle.

La société civile d'ailleurs ne s' y trompe pas qui a finalement obtenu récemment, à la faveur de nouveaux scandales gouvernementaux il est vrai, que les ressources financières des parlementaires soient rendues publiques. Ce fut une grande victoire à la fois démocratique et éthique contre une possible coalition souterraine du pouvoir politique et du pouvoir de la finance très explicitement signifiée par cette réception (affligée), et qui est la voie la plus directe vers la corruption en plus d'être un jeu dangereux susceptible d'attiser encore d'avantage la méfiance des peuples. Un autre pas dans ce sens a été fait par la Suisse sous ces mêmes astralités lorsqu'elle a décidé, sous la pression internationale, de mettre fin au secret bancaire, déclenchant un véritable sauve-qui-peut parmi les expatriés fiscaux. Notons aussi que l'Espagne et surtout l'Islande, pays très-profondément touchés par la crise financière, ont entrepris de juger de façon systématique les responsables de la banqueroute, ce que d'autres tardent délibérément à faire (il faudra sans doute attendre la prochaine période de rétrogradation de Saturne, de début Mars à fin Juillet 2014, pour que le monde commence à véritablement estimer l'ampleur des mesures nécessaires et à les assumer. Cela ne se fera pas sans heurts puisque cette période est aussi marquée par la grande croix cardinale, indice d’aggravation de l'actuelle récession). L'Islande en particulier est un cas intéressant sur ce point, car l'île pourrait être l'illustration assez fidèle, en miniature, des accointances et conflits d'intérêts qui sont le lot quotidien de nos propres élites ultralibérales. Mais venons-en à notre éclipse proprement dite, qui a montré que si le bon sens démocratique a rarement été à la fois plus puissant et plus requis que de nos jours subsistent pourtant quelques zones d'ombre.

Faudrait-il ne pas s'émouvoir lorsque par crainte du chômage des ouvriers syndiqués vont, sur ordre, rejoindre dans les cortèges des manifestations leurs patrons qui redoutent quant à eux l'augmentation des charges sociales? Quelle résolution soudaine et inespérée des conflits sociaux lorsque toute la colère accumulée de part et d'autre peut être ainsi dirigée contre l'État! Mais passée l'exaltation première qui ne s'est rendu compte qu'il s'agissait en fait d'un vaste malentendu (pour ne pas dire une vaste manipulation communicative, Mercure et Mars étant eux aussi en réception mutuelle, et Mars partageant avec Pluton la maîtrise de Saturne et de l'éclipse solaire, se trouvant encore peu de temps auparavant opposé à Neptune: les idéologies des masses, les médias, les croyances populaires et les mouvements de foules...) et que les uns et les autres protestaient ensemble contre toute logique et pour des raisons fondamentalement adverses? Beaucoup ont vu avec tristesse dans les manifestations de Quimper la résurgence de l'affirmation d'un pouvoir que tout le monde pensait depuis longtemps dépassée. ll s'agissait de mener un troupeau effrayé et désorienté (Uranus en Bélier peut évoquer, nous l'avons montré, le besoin d'un "guide"), de se prouver qu'on avait l'autorité pour le faire et par là-même d'affirmer l'état d'infamie morale auquel on réduit de nouveau ces gens. Avec Mars en Vierge en réception avec Mercure (conjoint Saturne) en Scorpion on peut témoigner ici, à défaut de pénétration et d'acuité extrêmes, d'une certaine férocité voire d'un sadisme mentaux. En réception avec Pluton il semble que l'entretien et la canalisation (voire l'exploitation) des grandes angoisses sociales dont a traité Paul ViriIio soit plus raisonnable, en fait plus raisonnée que d'ordinaire : et c'est précisément ce qui fait ressortir avec d'autant plus de relief l'incohérente débauche de telles explosions (2).

Picasso - Crâne de chèvre et bougie
Ceci étant dit, l'erreur habituelle et fatale serait de les minimiser. La facile récupération de ces grands embrasements spontanés par l'extrême droite démagogique résume d'ailleurs l'ambiance: l'éclipse lunaire en Scorpion, abolissant un temps le sens commun, aura seulement permis à une foule de déchaîner ses instincts de destruction aveugle avec la bénédiction intéressée d'instances prétendument morales, en tout cas communément et traditionnellement considérées comme telles. En exil, la lune en Scorpion peut en effet, comme l'a souligné André Barbault, signifier aussi bien la possession par une "sombre obsession", un noir fantasme tragique ou orgiaque, que les instincts de domination libérés sans être dominés eux-mêmes. N'est-ce pas une définition possible du fanatisme? On chercherait en vain dans ces violentes émeutes, l'affirmation souhaitable d'une égalité civique puisqu'elles s'en prennent impunément à des institutions publiques censées la garantir (Le Soleil en astrologie mondiale symbolise l’État, et la Lune le Peuple. Dans les démocraties les deux symboles sont équivalents et interchangeables, ou, tout au moins, devraient peut-être recommencer à l'être). Au contraire, et comme prédit, elles se revendiquent au bout du compte comme des manifestations de mouvements indépendantistes assez proches au fond des éruptions nationalistes telles qu'on peut les observer dans toute l'Europe (à l'exception peut-être d'un patronat désormais souvent pro-européen - ce qui expliquerait en partie que les manifestations en Bretagne ne s'en prennent pas frontalement à l'union européenne - et malheureusement très-détaché des notions de république, de patrie et de localisation en général...) Je constate avec soulagement que l'A.F.P. fait justement la part des choses, qui dans sa rétrospective de l'année 2013 veille à dissocier le phénomène des "bonnets rouges" des mouvements véritablement sociaux.

Ironiquement l'opposition Mars/Neptune, indicateur de pollution en astrologie, a immédiatement  préludé à la protestation dans ces manifestations d'hostilité à la nouvelle majorité gouvernementale des plus gros pollueurs de France en la personne des industriels de l'agro-alimentaire breton, qui entendaient y exprimer leur refus d'une taxe écologique synonyme selon eux de faillite et de licenciements! On devrait voir dans ces événements fâcheux la fin d'un modèle économique aussi dépassé que les sont dans les faits leurs structures de production (il ne faut pas chercher plus loin leurs prétendus problèmes de rentabilité, les mentalités rétrogrades freinant depuis longtemps l'investissement dans un modèle plus dynamique seul susceptible de leur assurer une certaine pérennité et leur éviter un rachat par des firmes étrangères tout aussi peu scrupuleuses mais plus raisonnablement modernistes: Qui n'a jamais entendu parler de développement durable?) Au lieu de quoi on préfère s'accrocher à des moyens de production déliquescents et faire mine de continuer de spéculer sur leur viabilité. Or la spéculation, tendance plutôt neptunienne, est complétement étrangère au savoir vouloir dont nous parlions plus haut. D'où l'agressive et sourde incohérence, capricieuse, du discours qui tente encore de les justifier: Mars en Vierge, stratège redoutable ou tacticien borné, combat pour une cause supérieure s'il en trouve une, ou sinon contre elle. Il veut servir une vision plus globale à moins de se voir réduit à jouer le sombre rôle d'exécuteur des basses œuvres...

L'avantage de l'expertise saturnienne est qu'elle tend à mettre au jour (au sens de définir, en Scorpion: avec Mercure et Saturne on est moins là, c'est le cas de le dire, dans le dévoilement - qu'on se souvienne du mythe d'Orion (3) - que dans l'utilisation sage, la mise en œuvre d'un savoir maîtrisé qui seulement alors devient force effective. Pour le dire autrement, la volonté de puissance personnelle pour s'actualiser ne peut se passer de limitations culturelles, puisque, par ailleurs, selon les biologistes, la culture, au fil des millénaires, est elle-même en partie responsable de l'in-formatio, c'est-à-dire à proprement parler de la mise en forme, de la structuration du génome humain (4). De là une retenue habituelle chez les natifs de cette configuration, une tendance à éviter le superficiel, à aller au fond des choses, voire à se réfugier derrière une redoutable ironie d'autant plus cuisante qu'elle est le plus souvent fondée) et à fatalement abolir par son sens des nécessités incompétences et irresponsabilités dans les multiples sphères de décision. Seule la réception réciproque, peut-être, obligeant à une certaine maturité les puissances publiques, empêche ces révoltes encore éparses de se multiplier. Le sens de l'histoire et de l'expérience, liées encore à Saturne, fait que les droites démagogiques d'Europe, à mesure qu'elles gagnent en envergure, tendent à se dissimuler derrière une apparence de respectabilité plus conventionnelle et rejettent même l'attribut d'extrémistes. Soyons sûrs qu'il n'en est rien et qu'elles demeurent sur le plan des idées aussi opportunistes et radicales qu'elles l'ont toujours été, sinon d'avantage encore sous ce carré générationnel (5). Il est important de signaler que nous nous trouvons en ce moment au cœur même de cette dernière configuration astrale puisque le premier carré de ce cycle synodique initié dans les années 1960 est actuellement exact en héliocentrique (c'est-à-dire sans tenir compte des multiples rétrogradations des deux astres telles que nous pouvons les observer et les subir sur Terre). 

Cependant avec la réception mutuelle il est certain que l'accélération du monde que nous vivons, aux limites de l'instantanéité et du temps humain (dixit Virilio), stimulée par l'affliction d'Uranus en Bélier, connait actuellement une pause. Va-t-on la mettre à profit pour dépasser le présent absolu auquel on réduit l'humain, le resituer dans l'histoire des nations et des idées et tenter de dégager quelques solutions pour l'avenir? Ou tentera-t-on encore d'encourager et d'exploiter cette acculturation? Cela aussi, il faudra probablement attendre la rétrogradation de Saturne pour le savoir. L'éclipse assez révélatrice liée à ce moment axial était néanmoins le paradoxe idéal pour faire une sorte d'état des lieux symbolique, de passer en revue quelques uns des signes des temps profondément bouleversés que nous traversons. Je choisis de publier ce papier à la faveur du trigone de Jupiter-Saturne, très-constructif et confortant, pour ne pas ajouter au moralisme rampant qu'ils pourraient y percevoir malgré la réception la démoralisation de mes lecteurs! Le trigone Jupiter-Saturne actuel offre aussi l'occasion d'une prise de recul fort bienvenue sur les événements tout en permettant de les concevoir sans pessimisme excessif.

Gardons à l'esprit que ce qui importe en astrologie est peut-être d'avantage dans le cycle, sa totalité et sa progression que dans l'instant T du transit, si je puis dire. Ainsi les cycles de Saturne-Pluton révèlent toujours des transformations profondes et même majeures dans nos sociétés (on les nomme chronocrates en ce qu'elles rythment les époques du monde), transformations qui passent souvent par des périodes de destruction (notamment dans les phases critiques: conjonction, opposition et carré. La période noire de la grande peste et de la guerre de cent ans est fortement marquée de cette influence, de même que la première guerre mondiale dont nous nous apprêtons à fêter le centenaire à laquelle préside également la conjonction). Le dernier carré de Saturne à Pluton s'est produit en 2009-2010 lors du transit de Saturne en Balance, un signe particulièrement pacifique, et avant la première occurrence du carré d'Uranus/Pluton, ce dernier étant du reste maîtrisé par Saturne, ce qui sans doute minimise les dégâts qu'aurait pu occasionner leur franche confrontation par exemple. La réception réciproque, quant-à elle, si l'on en croit la tradition, est d'avantage le moment d'une action concertée, une période d'aide mutuelle entre les deux astres... dont une certaine nature commune quelque peu rigide, silencieuse, obscure et lugubre n'aura sans doute échappé à personne ces temps-ci : ce premier pape issu des ténébreux Jésuites, fils spirituels du pourfendeur d'hérésies Íñigo de Loyola, et dont la devise de l'ordre est "Perinde ac cadaver" (tel un cadavre) n'a-t'il as été salué par le magazine Times comme "personne de l'année"? Comment ne pas songer ici à ce mot de Nietzsche : "La vie n'est qu'un cas particulier de la volonté de puissance - il est tout à fait arbitraire d'affirmer que tout aspire à se fondre dans cette forme de volonté de puissance"...

Notes

(1) Christopher Lasch écrit: «Selon Walter Lippmann, l’un des pionniers du journalisme moderne, le « citoyen omnicompétent » était un anachronisme dans une époque de spécialisation. Il pensait qu’en tout cas la plupart des citoyens se souciait fort peu de la substance des décisions politiques publiques. La tâche du journalisme n’était pas d’encourager le débat public mais de fournir aux experts des informations sur lesquelles ils puissent fonder des décisions intelligentes.  Ce culte du professionnalisme a eu une influence décisive sur le développement du journalisme moderne. Les journaux auraient pu servir à prolonger et élargir les assemblées communales. Au lieu de quoi, ils ont adhéré à un idéal fallacieux d’objectivité et ont défini leur but comme la diffusion d’informations fiables — autrement dit, du type d’information qui tend non pas à promouvoir le débat mais à y couper court. Le trait le plus curieux de tout ceci est, bien sûr, que si les Américains se trouvent inondés d’informations, grâce aux journaux, à la télévision et aux autres média, les enquêtes rapportent régulièrement que leur connaissance des affaires publiques est constamment en déclin. En cet « âge de l’information », le peuple américain est notoirement mal informé. L'explication de cet apparent paradoxe : une fois exclus effectivement du débat public pour motif d’incompétence, la plupart des Américains n’ont que faire des informations qui leur sont infligées en de si grandes quantités. Ils sont devenus presque aussi incompétents que leurs critiques l’ont toujours prétendu — ce qui nous rappelle que c’est le débat lui-même, et le débat seul, qui donne naissance au désir d’informations utilisables. En l’absence d’échange démocratique, la plupart des gens n’ont aucun stimulant pour les pousser à maîtriser le savoir qui ferait d’eux des citoyens capables.»

(2) Virilio montre dans son essai intitulé L'administration de la peur (2010) comment un "principe de frayeur" dictant toutes nos attitudes est devenu heuristique dans nos sociétés, comment la panique est devenue totalité en soi du monde, principe générateur: Déculpabilisée par les mœurs, la peur, sa gestion et même son entretien deviennent objets privilégiés de pouvoir. "En temps de terreur collective, écrit-il, il est impossible d'être courageux, sauf à verser dans des idéologies sacrificielles". Cette peur mondialisée par les ondes et l'instantanéité est, selon le philosophe, le ressort principal d'une standardisation et d'une "synchronisation des émotions, assurant le passage de la démocratie d'opinion à la démocratie d'émotion". Il faut ici naturellement comprendre en filigranes que la démocratie véritable, de réflexion, n'est plus du tout d'actualité, l'entretien de l'émotionnel allant de pair avec celui de l'obscurantisme: "le court-termisme, souligne-t-il, est une évidence" de notre temps.

(3) Dans le mythe du dévoilement d'Artémis, l'instinct d'appropriation violente conduit à sa perte le héros Orion, tué par un scorpion... Le signe est d'autant plus actif ces derniers temps que lors de l'éclipse solaire s'y trouvait un stellium en conjonction de quatre corps!

(4) Cf. Nature, Feb 2010: How culture shaped the human genome

(5) La longue conjonction Mercure-Saturne nous rappelle que le plus grand crime contre l'esprit consiste certainement à laisser ainsi l'histoire se répéter, obligeant les hommes à reformuler sans cesse des idées et notions qu'on aurait voulu croire acquises.

Licence Creative Commons

18 juin 2013

Un peu de considération pour la Vieille Dame: Réflexions sur l'analogie (et aperçu du Grand Triangle Mystique)

Isis voilée
La période astrologique que nous traversons, jusqu'au 1er Août, est essentiellement remarquable par la formation d'une configuration de Grand Trigone qui a récemment impliqué Mercure et Vénus  (5 Juin) et s’apprête, du fait de la lenteur de Saturne et Neptune également impliqués, à recevoir le Soleil (dès le Solstice d’Été, à 0°Cancer), puis Jupiter (le 26, à 0°Cancer) et Mars (dès le 17 Juillet). C'est un schéma intéressant puisque il est pour l'heure maîtrisé par Mercure, l'astre de l'intellect, qui préside à une interrogation générale très positive et constructive (Saturne Rétrograde en Scorpion) sur l'imagination créatrice et ses liens avec une certaine spiritualité ou une volonté d'amélioration ou d'élaboration des formes culturelles, médiatiques et idéologiques destinées aux masses (Neptune et signes d'Eau). En raison des Trigones en effet il est peu envisageable que la rétrogradation de Saturne indique ici une volonté de revenir radicalement en arrière, mais plutôt une prise en compte d'anciens schèmes et systèmes d'idées qui ont pu sembler dépassés mais qui pourtant demeurent profondément actuels et applicables aujourd'hui. Le Grand Trigone évoque idéalement une élévation spirituelle qui, sans rompre avec la réalité, est susceptible de la recréer et de l'augmenter.

Avec la signature lunaire par contre, dès le 21 (jour solsticial de la fête païenne de Litha), et la disposition pluto-saturnienne, la Lune étant alors affligée en Scorpion, le Trigone s'oriente sensiblement (le signe cardinal du Cancer étant alors, selon A.Ruperti, un lieu d'actualisation, de mise en mouvement des forces de la configuration, initiateur de passions partagées) vers l'exaltation du passé, de la mémoire, de la tradition (prise dans son sens religieux), de la morale, une mystique du peuple, de la famille, de la patrie (stellium en Cancer)... Bien que noyée dans un climat astral serein, paisible, cette nostalgie mystique sous-jacente doit tout de même être aussi mise en relation non seulement avec l'intensité du carré Uranus-Pluton, qui est son cadre de référence, mais également avec la disposition finale des trois maléfiques... Ainsi avec l'implication de Mars, en détriment en Cancer, dès le 17 Juillet en conjonction avec Jupiter (en exaltation) et opposé à Pluton, ce climat particulier risquerait d'être récupéré et largement détourné par des idéologies populistes (maîtrise lunaire, influençabilité) voire bellicistes, avouées ou non (Mars en Cancer se caractérisant par un repli sur soi et un protectionnisme agressifs). Mercure et Uranus étant non seulement rétrogrades mais aussi en carré, durant cette même période, on pourrait s'attendre à un durcissement et une radicalisation des opinions, portée tour à tour par un engouement et une torpeur généralisés, un optimisme trompeur et un espoir de façade en relation avec ce trigone qui peut tout aussi bien véhiculer de grandes illusions et favoriser l’institutionnalisation du mensonge... A l'inverse Saturne Rétrograde jusqu'au 8 Juillet peut marquer un point d'arrêt dans certaines habitudes modernes de gouvernance et de domination disons purement instinctives, par la prise en considération de leur inefficacité et de leur absence d'idéaux transpersonnels. Mais en attendant, plus positivement, le schéma astral est pacifique et propice à la (re)découverte de systèmes métaphysiques véritablement traditionnels et riches en potentialités (c'est une des valeurs liées à Saturne rétrograde en Scorpion) - dont avant tout l'astrologie, puisqu'elle est de notre ressort. Je développe quelques possibilités d'actualisation de cette configuration astrale, mais il est avant tout nécessaire de mettre l'accent sur les trois thèmes principaux du Triangle mystique, dans la plus favorable de ses virtualités, que sont l'Imagination (Nep) en accord avec la Raison (Sol) et la Connaissance (Sat).

L'imagination, malgré un récent retour en grâce dû à une confusion un peu rapide avec la créativité, s'apparente encore beaucoup dans l'opinion à la rêverie ou même, dans son sens Pascalien ("la folle du logis") à la pathologie. On a donc souvent tenté une distinction entre imagination et fantaisie ou fantasmagorie, la première répondant par sa propre nature à des lois pérennes qui l'empêchent de déborder le réel, lui permettent, littéralement, de faire sens (Saturne) tout en aidant à l'appréhender, le façonner ou le transformer, quand la seconde ferait fi des limites imposées et tendrait même à le détruire par l'absurde (1); cette dernière n'entre dans aucune étude anthropologique ou sociologique permettant d'en définir d'éventuelles structures durables; arbitraire et protéiforme, elle échappe aux universaux de l'Imaginaire (ou l'Imaginal, tel que l'entend H.Corbin) et n'est donc pas de notre fait, mais relève plutôt de la psychopathologie, au pire, ou du divertissement, au mieux, lorsqu'elle devient volonté d'affirmation d'elle-même et tire d'elle-même sa propre justification (l'image du Fou est éminemment ambivalente). Ce n'est donc pas le fantasmatique qui importe en soi aujourd’hui, mais bien la possibilité de le faire revenir de lui-même dans son cadre naturel historique et métaphysique (Saturne rétrograde et Mercure en Cancer pouvant indiquer la nostalgie de cette "stabilité des origines", Mercure, le Soleil et Jupiter - liés pour l'instant au mental - en offrent désormais l'occasion, le Soleil, surtout en Gémeaux, symbolisant d'ailleurs la Raison tout englobante). Qui, ou quelle idéologie, sera à même de se charger de la tâche, voilà la question inquiétante quand on sait que Saturne et Pluton, tous deux rétrogrades, ainsi que Mars domineront bientôt ce Grand Trigone mystique.

L'élément Eau est associé pour Bachelard au rêve, au voile de l'illusion. Mais par nature il tend vers une universalité harmonieuse, inclusive, totalisante. Le Triangle fonctionne par affinités et conciliations, privilégiant la fonction sentiment, créant des liens à l'infini, fondés non pas sur une réflexion intellectuelle détachée ni sur le besoin d'implication sociale (à l'inverse de Mercure et Vénus, ici conjoints en Cancer) mais sur l'intuition plus ou moins religieuse d'une totalité englobante qui transcende les antagonismes. Sans nous engager dans des considérations ni "idéologiques" ni trop abstraites, disons avec certitude que l'astrologie fait souvent appel à une forme de langage que les habitudes de notre époque ont eu abusivement tendance à laisser pour compte et à reléguer dans le domaine de ces rêveries fantaisistes qui n'est pas le sien, et qui pourtant demeure profondément active dans nos systèmes psychiques, bien que souvent livrée à elle-même - quand elle n'est pas détournée et utilisée à notre insu. 

Cette forme de pensée et de langage symbolique, j'ai nommé l'analogie (typiquement, Mercure et Vénus en conjonction), serait certainement qualifiée à tort d'archaïque si par là nous entendions inefficace ou dépassée,

"...les choses s'étant toujours exprimées par une analogie réciproque depuis le jour où le monde a été proféré comme une complexe et indivisible totalité." (Charles Baudelaire)
fig.3
fig. 2










fig. 1

Il faut, en effet, être particulièrement sûr de son fait pour décréter l'abolition de structures mentales qui ne sont somme toute que l'aboutissement de plusieurs dizaines de millénaires de culture (le "temps long", selon la terminologie structuraliste de l'historien F. Braudel). Archaïque, elle l'est littéralement, en ce qu'elle est le lieu sémiotique des archétypes psychologiques, qui sont par définition les plus anciens schèmes de la pensée. Peut être est-il ou non exact que le cerveau humain a peu évolué depuis l'apparition d'Homo Sapiens mais je ferai remarquer que ce dernier avait sur la plupart d'entre nous, au départ, cet avantage de connaître, comprendre et maîtriser la pensée analogique. Personne aujourd'hui, en revanche, n'avance plus la thèse jadis florissante selon laquelle il ignorait encore la pensée conceptuelle et rationnelle, simplement parce qu'elle est indispensable pour appréhender, manipuler, diriger et systématiser la pensée symbolique, ce que nos lointains ancêtres, nous apprend l'anthropologie, savaient finalement entre autres choses très bien faire. D'ailleurs serait-il vraiment surprenant que leur pragmatisme ait de loin surpassé celui de notre temps? (2) Je n'ai pas l'intention de m'étendre sur un sujet dont je ne suis pas spécialiste, mais dans ce cas il faut d'urgence redéfinir "pragmatisme"... Si, comme l'a dit le sociologue Gilbert Durand au Colloque de Beaubourg en 1988, "l'imaginaire est lié au sapiens", la notion selon laquelle l'homme pré-historique vivait, comme certaines populations arriérées ou "pré-conscientes" d'aujourd'hui, dans une sorte de rêve éveillé perpétuel est désormais trop biaisée et laisse de coté trop de réalités importantes. 

On ne peut que souligner la duplicité, incohérente ou cynique (sans parler du danger) d'un tel discours, qui est pourtant encore le plus généralement admis : d'une part nous avons des instances scientifiques, éducatives et morales, largement relayées et encouragées par la doxa médiatique, qui réfutent encore plus ou moins ouvertement la subsistance dans l'homme d'une telle pensée, espérant, au mépris de tout réalisme, la refouler des consciences ou l'exorciser avec les arguments dépassés du XIXème siècle, d'autre part des individus et des compagnies commerciales innombrables qui continuent pourtant de l'exploiter et de la diriger vers leurs propres fins, et par le même biais, puisqu'elle est ce qui détermine, en les parcourant, les structures de l'imagination... cette imagination malléable qui, comme chacun sait, fait vendre et acheter, est également encline, et incitée parfois, à suivre des voies bien plus sombres. Mais même sans recourir à des exemples historiques extrêmes, l'appropriation matérialiste du symbole archétypal et sa prolifération moderne extérieure sous la forme du logo ou de la marque apposée à l'objet consommable le plus trivial n'est rien d'autre que l'expression et l'excitation d'un désir d'appauvrissement proportionnel de l'univers intérieur de l'Homme (Le principe est tellement établi que les U.S.A. ont dû recourir ce mois-ci à la voie légale pour que soit interdite l'appropriation privée par brevet des gènes naturels humains... preuve qu'un certain humanisme demeure mais la seule tentative en dit long, à mon avis, quant au niveau de vigilance requis).

Sans idéalisme au sens platonicien l'imagination privée de repères (les principes de la démocratie républicaine - dans son acception Française - par exemple, qui ont longtemps cru pouvoir la contenir sont tournés en dérision par ceux mêmes qu'on élit ou qu'on délègue précisément pour qu'ils les servent et les préservent) sera toujours encouragée et exploitée par plus petit qu'elle-même, car désormais tout sera bon pour la contenir (2) ; on pourrait penser que, si tôt instruite de l'infiniment mesquin elle aspirerait de nouveau à de plus vastes régions de l'âme...(4) L'art n'est plus rien si, chassé de son propre domaine, il devient incapable de se référer à lui-même, et au bout du compte, c'est encore souvent la "pensée" à son degré zéro, médiatisable, véhiculant sans vraiment les connaitre les rêves du plus grand nombre, qui se sert au besoin de la pensée rationnelle en la débordant, et rarement l'inverse (5). L'encyclopédisme même, malgré toute sa bonne volonté, est souvent davantage le reflet toujours changeant de son cadre idéologique que cadre idéologique lui-même (6). Analogiquement, nous dirions que le sommeil finit toujours par nous gagner, ou que la Lune éclipse souvent Mercure... Nous ne pouvons pourtant nous passer ni de l'un, ni des autres, mais peut-être y a-t-il au moins quelque chose à en apprendre, d'autres leçons à en tirer que de nouveaux stratagèmes mercantiles.

Sans être de ceux qui développent l'idée fallacieuse selon laquelle "nous" n'utilisons que 90% de nos capacités mentales (lesquels pour la plupart non seulement parlent pour eux-mêmes mais ont tout intérêt à ce qu'il en soit ainsi... Sans rien dire de ceux, darwiniens ou théistes, qui relayent l'argumentation selon laquelle l'homme n'est plus capable d'évolution, ni de ceux qui introduisent sciemment "la peste" dans nos sociétés pour ensuite prétendre la guérir), il me semble qu'en faisant appel à l'ensemble des facultés raisonnantes, il n'est pas impossible que la pratique de l'astrologie permette et entretienne, sur le plan individuel, le fonctionnement optimal de zones du cerveau qui sans cela s'atrophieraient à force d'être reléguées au second plan. Par ailleurs, elle nécessite le recours constant et alternatif à l'analyse et à la synthèse qui pourrait empêcher une trop sclérosante spécialisation des fonctions cérébrales. En somme la pratique de l'astrologie pourrait offrir une plus grande ouverture d'esprit, condition nécessaire, dit-on, à l'exercice de la spiritualité (Neptune en Poissons). Bien entendu, n'étant pas neuroscientifique, je ne puis que laisser ces points sous leur forme d'hypothèses et au conditionnel, et à défaut des statistiques de l'I.R.M, en appeler au simple bon sens (6). En tant que professionnel, j'ai tendance à encourager la pratique (éclairée) de l'astrologie amateur car elle me paraît, en ce sens, un excellent support pour le développement personnel (outre que cela permet au consultant d'aller droit aux faits importants, sans avoir à se perdre dans les explications de points techniques dues à une mécompréhension du système. C'est donc surtout aux astrologues amateurs et aux étudiants que je m'adresse ici, en gardant l'espoir de disposer de plus de temps à l'avenir pour rendre ces idées accessibles à un plus grand nombre de personnes sans avoir pour cela à basculer dans le spectaculaire et l'horoscopie qui d'ailleurs n'encouragent guère la réflexion).

Notes

(1) Sartre disait notamment que l'imagination est une création dont la matière est la connaissance et non l'agglomération plus ou moins fortuite d'impressions indistinctes.
(2) Dès la seconde moitié du siècle dernier de nombreux chercheurs ont souligné le fait que les premiers Européens maîtrisaient parfaitement les notions de temps et d'espace, dans lesquels ils savaient parfaitement se repérer et se projeter. On a découvert nombre d'objets utilisés pour l'observation astronomique, liée au calcul du temps, de lieux aménagés pour indiquer précisément Solstices et Équinoxes, des proto-calendriers dont certains représentent les phases lunaires et les lunaisons annuelles, sans parler d'une pensée conceptuelle et symbolique systématisée par une technique généralisée qui s'apparente même par certains cotés à une ébauche d'écriture... Tout ce que nous avons pris l'habitude de lier aux civilisations agricoles, en situant son émergence en Mésopotamie, se trouvait en somme exister déjà, non sous une forme larvaire et isolée, mais bien sous une forme pratique et culturelle, plus de 10000 ans auparavant sur le territoire de l'actuelle France métropolitaine. Le célèbre ethnologue André Leroi-Gourhan et bien d'autres, étudiant les œuvres pariétales en fonction de leur topologie en vinrent à déterminer le rôle des sanctuaires rupestres non comme des lieux de vie, comme on le pensait encore, où auraient été improbablement pratiqués totémisme, magie et chamanisme, mais bien plutôt comme des repères éminemment symboliques et didactiques pour l'espèce, des sanctuaires d'initiation périodique. Si ces théories se vérifient, ce qui semble bien être le cas, peut-être pouvons nous nous risquer à apparenter ces usages aux Mystères de la Grèce Archaïque et Classique qui semblent en avoir longtemps perpétué la mémoire,  reprenant, en les élaborant quelque peu, leur dynamique et leurs principes fondamentaux? Les sanctuaires secrets antiques étaient aménagés d'une façon étonnamment semblable; les hiérophanies, ou dévoilement des archétypes (arcanes), la source probable des Idées métaphysiques pythagoriciennes et platoniciennes, sont reçues comme une révélation, et l'adyton, qui est l'endroit le plus ésotérique de l'espace sacré même où elles avaient lieu, présente un parallèle troublant avec l'agencement habituel des hauts-lieux de pèlerinage préhistoriques : L’anamnèse (ou ἀλήθεια alètheia, littéralement l'émergence hors du Lèthé, le fleuve du sommeil, de l'ignorance et de l'oubli... comment ici ne pas penser à cette inversion complète des valeurs qui a conduit bien plus tard à l'institution baptismale, laquelle pourrait n'être rien, en somme, qu'une immersion rituelle à vocation définitive dans ce même fleuve infernal? Il  me semble que, comme on a pu le dire, l'oscillation de l'âme "moderne" entre les idées d'éternel retour et de messianisme - ce dernier s'accompagnant d'un détachement individuel, volontaire ou non, des sources culturelles de l'espèce - trouverait ici un exemple saisissant), l'anamnèse serait en ce sens le retour véritablement traditionnel aux origines de la Connaissance, c'est-à-dire symboliquement, à la naissance de l'esprit, et donc à celle de l'Homme... L'idée de regressus in uterum, qui en est la condition, n'a pas d'autre sens, la caverne étant l'analogie non seulement de la matrice universelle, mais aussi du corps du myste qui s'en trouve viscéralement transformé. Ajoutons que, selon plusieurs théories scientifiques, les représentations animales pariétales ne sont que les transpositions de projections célestes, et vice-versa (voir l'excellent documentaire intitulé Lascaux, le ciel des premiers hommes, ARTE). Comme l'écrit Merleau-Ponty : "[Les actions les plus propres de l'artiste] - ces gestes, ces tracés dont il est seul capable, et qui seront pour les autres révélation - il lui semble qu'ils émanent des choses mêmes, comme le dessin des constellations. Entre lui et le visible, les rôles inévitablement s'inversent. C'est pourquoi tant de peintres ont dit que les choses les regardent" (L’œil et l'Esprit, 1964). Ce que Merleau-Ponty exprime ici est essentiel, en ce que le sens, ou plutôt l'infinité de sens qui se concentre dans l'acte artistique, précède pour une certaine part l'exécution dans la conception de son sujet mais l'accompagne totalement dans l'abandon à son objet. L’œuvre, comme son sujet, est bien sûr pensée, conceptualisation, mais il lui faut aussi se plier à l'universalité des significations que seule confère une structure symbolisante pré-existante (qui n'est pas le fruit d'une élaboration synthétisante entièrement rationnelle), apte à stimuler et provoquer l'inspiration-révélation. En somme la pensée ésotérique, l’œuvre cosmologique,  ne peut être ni arrachée, ni (ce qui revient au même) directement appréhendée par la pensée analytique, mais bien acquise au fil du temps par une sorte de circumambulation simultanée et inverse du mental et de l'imagination; il y a imprégnation culturelle au sens large, et non appropriation directe. Le voile n'est jamais soulevé : C'est peut-être la raison pour laquelle le latin revelare, qui est à l'origine du verbe révéler, signifie littéralement et étymologiquement "voiler à nouveau", puisque même ce qui a été dévoilé n'est jamais la vérité essentielle mais son ombre, son apparence. C'est une explication ésotérique du mythe platonicien de la caverne qui en vaut d'autres. En somme l'initiatique la plus ancienne était peut-être déjà en soi et à tous les niveaux  la mise en correspondance et en analogie d'un microcosme et d'un macrocosme, en d'autres termes l'incorporation progressive par l'homme conscient d'un ordre universel totalisant. Par la pratique de l'astrologie, nous refaisons sans cesse mentalement et pour ainsi dire rituellement ce cheminement, afin de nous situer le plus possible in medias res, au centre même des choses. 


(3) Il faut se souvenir que cette question de l'exploitation de l'imagination collective et de la canalisation des fantasmes individuels s'est déjà posée de nombreuses fois, et assez récemment encore, de 1998 à 2012 quand Neptune transitait le signe du Verseau, sans qu'un status quo satisfaisant ait pu être trouvé. Le Verseau est le domicile de Saturne et Uranus, l'un encourageant les excès de la fantaisie pour explorer ces nouveaux territoires psychologiques induits et tirer profit de leurs "ressources" inépuisables, l'autre tentant de les limiter, d'en restreindre la portée, de les cantonner dans des structures dont on a pu assister au développement exponentiel (que celles-ci fussent psychiatriques, idéologiques, chimiques, médiatiques, ludiques, toujours formelles, toujours radicales mais "absolument modernistes et progressistes" -  car le Verseau est, du fait de son maître moderne Uranus, un signe prolixe, à la fois inventif et extrémiste en ce sens qu'il tend à confondre et généraliser par une certaine vision de l'humanisme, aussi bien le génie que l'erreur). Le scandale posé par la récente parution du nouveau DSM, la bible des psychopathologies, accusée d'inventer des maladies pour ensuite les guérir, mais aussi pour exercer un pouvoir de fait sur la société humaine en définissant ses normes, semble toujours relever du même contexte, pourtant astrologiquement dépassé. C'est qu'ici la question de la liberté humaine se pose de façon très insistante.

(4) Voir également la note 2 de ce papier

(5) La médiatisation n'est en somme que l'encouragement et l'exploitation du "rêve éveillé" qui est le plan d'existence habituel de la plupart des gens, ce même "rêve éveillé" permanent que l'espèce humaine a dû jadis conquérir pour être consciente d'elle-même, ou, pour employer le lexique des neurosciences, le réseau du mode par défaut "contre lequel se réalisent nos prises de conscience" (M.E.Raichle).

(6) Nous ne pouvons que le constater avec amertume, même s'il est vrai aussi que, malgré toute la bonne volonté, il serait dommageable pour l'astrologie même de chercher à se caser dans l'un ou l'autre, j'entends dans tel ou tel cadre idéologique ni, à plus forte raison, dans un cadre encyclopédique-positiviste. Ici elle perdrait beaucoup de sa substance en sacrifiant au scientisme, puisqu'elle s'attache avant tout à la compréhension de l'humain - elle y laisserait son ésotérisme, son propre domaine de référence, elle se livrerait à l'opinion commune; là elle se verrait servir des fins qui ne sont plus directement les siennes, ce qui reviendrait quasiment au même. Dans les deux cas, notamment, en tentant de le rationaliser, elle se méprendrait sur l'irrationnel de l'homme, elle passerait simplement à coté, et ne pourrait plus lui donner sens par elle-même, ou plutôt, en définitive, en elle-même. Comme le rappelait le philosophe et logicien Frédéric Nef, en suivant les critères de signification du Cercle de Vienne dans les années 1930 ni Newton, ni Einstein, pour ne rien dire des quantiques, n'aurait passé avec succès le test du positivisme logique, lequel fut pourtant à l'origine d'un processus d'anéantissement ("dépassement" ou "déconstruction", si l'on préfère) sans précédent de la métaphysique... Qu'est-ce qui, en fait, pourrait être qualifié de purement rationnel? Les sciences humaines, et en particulier les psychologies, sont évidemment en grande partie irrationnelles parce que leur raison d'être réside plutôt dans ce principe que l'homme n'est pas un terrain expérimental, et leurs postulats de travail demeurent pour la plupart subjectifs et hypothétiques, ce qui n'altère en rien leur efficacité. Mais les sciences "positives" ou sciences de la matière sont elles aussi désormais contraintes de recourir à l'irrationnel pour pouvoir maîtriser et expliquer cette même matière. On se dit que si la matière inerte est, encore aujourd'hui, à ce point éloignée de la pure raison humaine combien d'avantage doit l'être l'homme lui-même! Si l'on me passe ce trait d'humour, même le cartésianisme est irrationnel jusque dans ses prémisses : "Je pense, donc je suis" se heurtant à l'impossibilité de définir l'être ni le moi, il ne s'agit que d'une intuition artistique sans nulle valeur démonstrative... et, du reste, en tant que vérité indémontrable mais généralement admise, l'axiome échappe au rationalisme, comme tout ce qui est inaccessible à l'explication argumentée (en quoi l'axiomatique diffère-t--elle essentiellement de l'orthodoxie dogmatique cultuelle?) ; il y a de l'irrationnel dans les mathématiques (voir aussi les théorèmes de Gödel, qui sont généralisables à tout système scientifique) et il y a de l'irrationnel dans la logique; bien peu de choses en fait sauraient se prêter une fois pour toutes à une explication extérieure objective; rien n'est donc entièrement rationnel, et exiger que tout le soit absolument revient même pratiquement à une tentative arbitraire et inutile de dévitalisation (ou de perturbation) de l'essence des choses. Un "pur esprit" ne serait sans doute pas un esprit purement rationnel, du moins dans l'acception courante du mot "Raison". On sait combien subversif et dangereux peut (légitimement) paraître encore aujourd'hui un tel discours, mais il ne l'est à la réflexion que lorsqu'on tente de l'extraire de son contexte propre : Ces quelques indications ne font que rappeler que ni la connaissance ni l'intelligence, et encore moins la Raison, ne sauraient s'enfermer longtemps dans le rationalisme (ni, surtout, en fait, le matérialisme et le positivisme avec lesquels on le confond ordinairement), dont par ailleurs nous ne nions absolument pas l'utilité voire la nécessité dans notre discipline même. La démarche scientiste est parfois tentante, mais l'homme n'est toujours pas "computable".

(7) Sans parler de la mémoire que la pratique de l'astrologie semble (c'est du moins une observation personnelle) aider à entretenir, voire à améliorer. En reliant certains faits à un schéma particulier, en les contextualisant et en augmentant de cette manière les liaisons conscientes porteuses de sens, il devient plus facile de se les rappeler avec précision. Voir aussi la note 4, ibid.

Explication des illustrations
L’image symbolique est transfiguration d’une représentation concrète par un sens à jamais abstrait. “Le symbole est le chiffre d’un mystère”, dit Corbin, et, comme le dit Ricoeur, "tout symbole authentique possède trois dimensions concrètes : il est à la fois cosmique (il puise sa figuration dans le monde visible), onirique (il s’enracine dans les souvenirs et les gestes qui émergent dans nos rêves et constituent la matière concrète de notre biographie intime, enfin poétique, c’est-à-dire qu’il fait appel au langage le plus jaillissant donc le plus concret.” Gilbert Durand - L’imagination symbolique
Il est raisonnable d’avancer, avec l'ethnologue A.Testard par exemple que la plupart des représentations féminines datant des périodes allant de l’Aurignacien au Magdalénien inférieur (l’ère des peintures rupestres en France) ne sont pas des images réalistes de la femme mais bien plutôt des représentations de la femme symbolique. En témoignent d’une part la forme rhomboédrique (en losange), figure universelle dans laquelle sont sculptées des formes féminines généreuses (mise en évidence par A.Leroi-Gourhan, voir fig.1 et fig.2), et d’autre part certaines représentations féminines de la même époque associées à la Lune, dont la célèbre Vénus de Laussel, ou Vénus à la corne (fig.3). On sait que le losange est un symbole universel de féminité et de la fécondité (en Inde, par exemple, la matrice, ou Yoni, symbole de la Shakti, la puissance féminine, a encore le plus souvent cette forme). La symbolique lunaire est liée depuis toujours à la femme, par analogie. La corne, par ailleurs, est un symbole lunaire. De surcroît, cette "corne", ou cette figure en croissant, comporte quatorze entailles que l'on a pu mettre en relation avec le cycle lunaire et menstruel de la femme. Les trois niveaux d’interprétation de Ricoeur-Durand sont tout à fait applicables à ces représentations primordiales, mais nous pourrions les préciser en appliquant une seconde grille de lecture, qui leur confèrerait en outre une valeur potentielle d’observation naturaliste, de compréhension-explication du monde à la fois intellectuelle et analogique, et enfin d’initiation-révélation. 


Lectures recommandées (bibliographie sommaire) 

Le lecteur attentif aura remarqué que je n'ai pas étudié ici en les détaillant méthodiquement les notions de correspondance et d'analogie, sans non plus les définir avec précision. Il ne s'agit que de réflexions, comme l'indique le titre de l'article, liées à la configuration astrale qui nous occupe, celle-ci les impliquant, et donc nécessitant que l'on les aborde, même superficiellement. Nous y reviendrons de toute façon obligatoirement. Voici quelques ouvrages dont je me suis servi, dont certains, en attendant, pourront aider à approfondir  la question.

  • Gilbert Durand, Œuvres, et notamment Les structures anthropologiques de l'imaginaire, 1969, et Les trois niveaux de formation du symbolisme (1962)
  • Gaston Bachelard, Œuvres, et notamment Le Rationalisme appliqué, 1949, L'eau et les rêves, essai sur l'imagination de la matière, 1942
  • E.Durkheim et M.Mauss, Œuvres, et en particulier De quelques formes primitives de classification, Année sociologique, VI, Paris, 1901, Le ciel dans l'histoire et dans la science (1936), Le macrocosme et le microcosme (1937) 
  • Roland Barthes, Le degré zéro de l'écriture, 1953
  • Charles Beaudelaire, Œuvres
  • Henri Corbin, Œuvres, et notamment L'imagination créatrice, 1953. Voir aussi ce site (en Anglais)
  • Titus Burckhardt, Principes et méthodes de l'art sacré, 1958
  • Mircea Eliade, Œuvres, notamment Le Mythe de l'Eternel Retour (1949), Images et Symboles (1952) et La Nostalgie des Origines (1971)
  • J.G.Frazer, Œuvres
  • G.Debord, La société du spectacle (1967) et Commentaires sur la société du spectacle, 1988  
  • C.G Jung, Œuvres, et entre autres Les racines de la conscience, 1954. 
  • A.Leroi-Gourhan, Œuvres
  • Chantal Jègues-Wolkiewiez, Ethnoastronomie
  • C.Levy Strauss, Anthropologie structurale, 1958, et La pensée sauvage, 1962 
  • M.Merleau Ponty, Les aventures de la dialectique, 1955, L’œil et l'esprit, 1961
  • Platon, Œuvres
  • Collectif, Les Présocratiques, éditions Gallimard, coll. La Pléiade, 1988  
  • Marcel Baudoin, Les Pléiades au Néolithique  (essai) (1916), et autres essais, sur Persée 
  • P.Ricoeur, Œuvres, notamment Essais d'herméneutique, Idéologie et Utopie (1997), La métaphore vive (1975)
  • J.P.Sartre, l'Imagination (1936) 
  • J.P.Sartre, l'Imaginaire, essai de psychologie phénoménologique de l'imagination (1940)
Licence Creative Commons

11 mai 2013

Lunaison de Mai-Juin 2013

La lunaison de Mai et Juin s'ouvre avec une éclipse annulaire du Soleil en Taureau (tropical), observable uniquement dans le Pacifique Sud. S'il est vrai que les éclipses marquent un temps de renouveau, de métamorphose, alors celle-ci pourrait présager pour certaines personnes un passage de l'ombre matérialiste à la lumière spirituelle, et dans tous les cas celui de l'élément Terre fixe, pesant et pragmatique à l'élément Air mutable, vif et idéaliste. Mercure est conjoint à la nouvelle lune et à Mars, et puisqu'un orbe de 5°2' semblera excessif pour une conjonction appliquante dans un thème de lunaison, on peut cependant parler d'un stellium et d'une triple conjonction en Taureau. 
Eclipse, couronne et champ magnétique solaires. Source Phy6.fr
Si la Lune est exaltée dans le second signe printanier, Mars en revanche y est en exil. Cette occultation pourrait avoir de fâcheuses conséquences sur notre vitalité en général, dans la mesure ou les deux significateurs traditionnels de la volonté (Mars et le Soleil) sont affectés, et que Mercure, qui régit les échanges, est dit combuste, c'est-à-dire affaibli (la réalisation=conscience+concrétisation, signifiée normalement par la conjonction de Mercure et de Mars en Taureau, ici compromise, pourrait se traduire par de l'abandon pur et simple). Toutefois ce dernier est en réception avec Vénus qui vient d'entrer en Gémeaux, les rapports deviennent plus contractuels, les échanges se fondent sur une meilleure estimation des valeurs, et puisqu'elle maîtrise le thème il n'y a pas lieu de craindre d'explosions ni de dépressions, du moins a priori et d'une façon générale.

Attention tout de même, il est recommandé de ne rien entreprendre d'important au moins jusqu'à l'apogée lunaire du 13 Mai (durant toute la période dite des "Saints de Glace"). Par contre si vous décidez de prendre quelques jours de repos confortables, d'une courte retraite méditative ou de vacances non loin de chez vous, le moment s'y prêterait admirablement jusqu'au 14 inclus. Sinon il est recommandé de redoubler de prudence et de vigilance ce jour-là, la Lune formant un carré en T cardinal avec Uranus et Pluton, aggravé par Mercure affaibli au mi-point et par le carré de Vénus, maîtresse du thème, à Neptune : Les dangers pour l'environnement sont patents; n'oublions pas que symboliquement, une éclipse solaire tend à oblitérer le raisonnement supérieur au profit des fonctions "reptiliennes" (de peurs et d'avidité, conduisant à prendre des risques inconsidérés pour soi-même et pour les autres), et c'est d'autant plus le cas lorsque le domaine des significations Mercurielles est touché. Enfin le 15 les idées sont limpides : Mercure échappe à la combustion et entre dans son domicile traditionnel (Gémeaux) formant un sextile à la Lune également chez elle en Cancer, les affaires reprennent et la communication, peut-être un temps brouillée, devrait se rétablir (Il est possible de remplacer avantageusement et rationnellement les anciennes habitudes : Pourquoi ne pas mettre cette période d'affranchissement et de croissance à profit pour entamer un régime diététique, par exemple, ou encore rétablir ou renforcer le dialogue familial?).

Par ailleurs, cette nouvelle lune envoie deux aspects mineurs mais qu'il faut mentionner dans la mesure où ils tendent à atténuer le coté lourd, matériel du thème, avec son stellium dont la dynamique semble ici ralentie ou bloquée : l'un est un semi-sextile à Jupiter en Gémeaux, allégeant quelque peu les idées, facilitant leur diffusion ainsi que l'équité dans les rapports, les contrats et les échanges; l'autre est un quintile (aspect Képlérien de créativité) liant la conjonction à Neptune, et encourageant même une certaine spiritualité (la lunaison s'achève sur un Grand Trigone d'Eau impliquant Mercure, puis Vénus et le trigone Saturne-Neptune, exact à quelques minutes d'arc près!) à condition de s'arracher à la forte poussée d'inertie induite par l'occultation.

La pleine lune du 25 Mai, sous l'égide d'un Mercure en domicile splendidement aspecté (triple conjonction) par les deux bénéfiques (1) Vénus et Jupiter (maître de la Lune en Sagittaire) pourrait cependant être troublée par un carré en T à Neptune, brouillant quelque peu les cartes et même susceptible, dans le pire des scénarios, de déclencher des accidents (Mars ssc. Pluton et sc. Uranus, attention à la fatigue nerveuse, à l'excitabilité, à l'irritabilité). Il est recommandé, dans certains cas, de considérer avec circonspection les manifestations publiques, d'éviter les bains de foule et de ne pas abuser de substances stupéfiantes ni d'excitants (une pleine lune en Sagittaire-Gémeaux suffit parfois largement à tenir l'esprit éveillé!) entre le 24 et le 26. Respecter cette recommandation revient d'ailleurs à se préparer pleinement et sainement à recevoir cette bouffée d'énergie mercurielle qui, en fonction de la position de la planète en transit dans votre thème natal individuel, devrait encourager magnifiquement les relations épanouissantes, l'ouverture d'esprit, les idées séduisantes, les voyages d'affaires ou d'agrément - sauf maritimes, peut-être - et booster le commerce. On peut d'ailleurs s'attendre à un regain significatif sur les marchés financiers, bien que des excès de cupidité ou d'avidité ne soient pas à exclure avec cette position de Mars : Il n'est pas impossible que cette pleine lune révèle son lot d'abus de faiblesses et de dépendances. En revanche elle reflètera aussi une grande richesse d'inventivité et de créativité individuelles, ainsi que l'emploi éclairé des valeurs de moralité et de justice. L'esprit s'égaye et fait foi et loi, avec ce stellium en Gémeaux et la lune en Sagittaire, mais peut donc parfois s'abîmer dans la possessivité (en réponse à quelque bénigne dissipation ou inconstance liée au transit de Vénus en Gémeaux?) en véhiculant des volontés affaiblies ou faussées. Privilégiez l'expression et le dialogue, très prometteurs, à la réceptivité passive. Cette pleine lune s'annonce sous d'agréables auspices et promet des expériences personnelles à la fois instructives et enrichissantes (Mercure aura traversé trois signes au cours de cette seule lunaison, Vénus deux), il ne s'agit que d'en profiter lucidement, en connaissance de cause.

Quelques événements astrologiques notables pour cette lunaison :
  • Ingrès ♊ le 9, vers 17h00 CET (15h00 TU) :
  • Le 14 vers 10h00, carré en T cardinal (☾//℞) aggravé par ☿ combuste et le carré : vigilance.
  • Ingrès de en (stellium, domicile diurne) le 15, vers 22h30 CET (20h30 TU)
  • Ingrès de ♊ (stellium), le 20, vers 23h30 CET (21h30 TU).
  • Le 21 Mai vers Minuit (10h00 TU) le carré ℞ est exact à 11°14' (♈-♑)
  • Le 25, Conjonction vers 2h00, PL vers 6h00 CET (4h00 TU).
  • Du 25 au 29, triple conjonction
  • Le 27, ♇ vers 17h00. 
  • Le 31, vers 9h00 (7h00 TU) ingrès ♋, ♂♊ (stellium) vers 13h00.
  • Le 3 Juin, Ingrès vers 3h30 CET, ∗☉ vers 6h30, et configuration d'un Grand △ d'Eau impliquant puis , et ♓ (ce dernier aspect étant exact le 11 Juin) jusqu'au 7 Juin. Le 5 vers 3h30 - exaltation - au mi-point : configuration extrêmement favorable alliant sagesse, réflexion et intuition. Le climat induit par ce Grand Trigone suffira-t-il à apaiser ou désamorcer la forte tension nerveuse due au carré en T //, les 6 et 7 Juin, ou ♆ en sera-t-elle le déclencheur? Nous aurons peut-être à y revenir.
  • Le 8, vers 19h30 CET, NL ( ).
(1) Cette triple conjonction pourrait, selon l'astrométéorologue allemand A.M.Grimm, avoir une incidence sur l'activité solaire, de même qu'Uranus cardinal. On croit savoir que celle-ci atteindra son maximum cette année (en Novembre), et de fait en 2012 et 2013 les éruptions importantes se sont multipliées à la surface de l'astre, déclenchant tempêtes et inondations sur Terre. Cependant si l'on s'en tient à une interprétation traditionnelle, avec Mercure maître du thème de la pleine lune et sans aspect critique de ces planètes au Soleil, on peut penser que l'incidence de cette activité solaire ne sera pas catastrophique, notamment sur les communications, sans toutefois exclure la possibilité d'une fin de Printemps pourrie sous nos latitudes (pour une observation du climat spatial détaillée, voir ce site en Français).
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Page Translation